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 Checkmate [Pv Jonathan]

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Nora E. Caine
Nora E. Caine

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MessageSujet: Checkmate [Pv Jonathan] Checkmate [Pv Jonathan] I_icon_minitimeDim 8 Nov 2015 - 12:31

D'un geste délicat, Nora effleura du bout des doigts le marbre de son plateau d'échecs. C'était un objet précieux, auquel elle tenait tout particulièrement, lui apportant un soin quotidien minutieux. Elle le conservait généralement à l'abri, loin des regards et de la maladresse dont pouvaient parfois faire preuve ses invités, ne le ressortant que pour des adversaires qui en valaient sa peine. Sa fille, d'abord, son apprentie dans ce domaine, qu'elle initiait patiemment à l'art de la stratégie, de la planification et de la manipulation...

Eris était douée, tout comme Nora l'était. Elle était encore loin d'atteindre le niveau de sa mère, mais elle parvenait régulièrement à la surprendre, usant de ses pions avec intelligence et finesse. Elle n'était pas comme tous ces rustres qui cherchaient surtout à prendre le plus de pièces à leur adversaire pour espérer le piéger. La jeune fille sacrifiait ses pièces, revêtait une allure de faiblesse, poussait son ennemi à l'imprudence en l'invitant à croire en sa toute-puissance...

Nora était fière de sa fille. Jouer avec elle était d'une distraction infinie. A dire vrai, aucune d'entre elles ne cherchait réellement à gagner lorsqu'elles étaient confrontées à l'une à l'autre. Le véritable plaisir était de comprendre le fonctionnement de l'autre. De déduire sa stratégie, ses coups futurs, ses souhaits et ses ambitions... Chacune de leurs parties était unique, reflétant l'amour fusionnel qui les unissait, les transcendait.

Eris était l'une des rares personnes auxquelles Nora permettait l'insigne honneur de jouer sur son précieux plateau. Mais une autre exception allait être désormais faite. Et cette exception portait le nom de Jonathan Around. Professeur de Criminologie. Brillant esprit. Langue acérée. Un homme qui devait apprendre que l'on ne rabaissait pas impunément l'intelligence de Nora Caine...

Ensemble, ils avaient récemment collaboré sur une affaire. Elle accomplissait son travail de médecin légiste, examinant les cadavres pour retracer les derniers instants où ces personnes avaient basculées de vie à trépas. Lui était consultant, apportant sa "patte" à la déduction et à l'analyse des indices entre leurs mains.

Une moue contrariée prit place sur le visage de Nora tandis qu'elle se remémorait l'impolitesse du professeur. Non content de ne pas l'écouter, elle, il l'interrompait sans cesse, formulant à sa place les éléments de l'affaire, s'attribuant le mérite des déductions qu'elle était sur le point de faire. Il piétinait ses plates-bandes. Généralement, c'était un crime qui ne restait pas impuni.

Les autres hommes qui s'étaient permis ce genre de "libertés" avaient vite retrouvé leur place. D'une façon ou d'une autre, ils s'étaient soumis à celle qu'on surnommait avec effroi "Dr Death", faisant taire leur orgueil, laissant à Nora le soin de délivrer sa connaissance, son intelligence, sa réflexion. Les regards glaciaux du docteur n'avaient toutefois pas suffi à l'intimider, bien au contraire. Nora aurait pu jurer que Jonathan Around se divertissait de son déplaisir, qu'il se délectait de son agacement...

Mais là où ceux qui se permettaient généralement un tel affront parlaient pour ne rien dire, le professeur, au contraire, faisait preuve d'une intrigante finesse d'esprit. Derrière son arrogance, Nora avait pu deviner une intelligence certaine, à laquelle elle rêvait de se confronter. Il ne lui laissait pas en placer une sur une scène de crime ou dans sa morgue adorée. Peut-être serait-il un peu plus "conciliant" chez elle, en territoire ennemi ?

A la résolution de leur affaire, Nora lui avait donc proposé de venir chez elle pour une partie d'échecs. Enfin, "proposer" n'était pas le mot juste. "Ordonner" était plus proche de la réalité. Nora ne se contentait pas de demander et d'espérer que le monde veuille bien fonctionner selon ses désirs. Elle conquérait, possédait, écrasait. Ceux qui se trouvaient sur son chemin n'avaient plus qu'à bien se tenir...

Ce soir, elle était seule dans son appartement. Eris avait pris part à une fête et ne rentrerait pas avant le lendemain matin. De quoi alimenter sa popularité, déjà en hausse constante... Un sourire fier s'étira sur les lèvres de Nora. Malgré sa jeunesse, Eris était déjà redoutable dans son domaine. Le monde ne tarderait pas à être à ses pieds, sa mère en était persuadée...

Une fois son salon préparé pour accueillir le professeur, Nora s'était rendue dans sa salle de bain, offrant à son corps la froideur d'une douche glacée. Un coup de fouet pour éveiller son esprit et ses sens... C'était ce qu'il lui fallait pour se lancer dans cette bataille à venir. Elle le sentait, cette partie d'échecs ne serait pas ordinaire. Qu'importe la victoire ou la défaite... Nora voulait démontrer à son invité arrogant qu'il était malvenu de la sous-estimer.

Son miroir lui renvoya le reflet d'une femme belle, confiante, assurée. Ses cheveux séchés, Nora les attacha en un chignon, dégageant son visage pour en dévoiler toute la finesse. Son charme, tout comme son esprit, était une arme dont la doctoresse aimait à user. Une touche de maquillage, juste de quoi mettre en valeur ses plus précieux atouts, une robe fourreau aussi noire que son âme et la voici prête. Pas de chaussures. Nora aimait évoluer pieds nus chez elle. Ne serait-ce que pour éveiller le fétichisme de certaines de ses proies...

La sonnette se fit entendre. Un sourire carnassier naquit sur ses lèvres. Tout était en place. Sans se presser, elle rejoignit la porte, l'ouvrant pour laisser entrer le Professeur Around :

"Votre ponctualité vous honore, Jonathan. Bien le bonsoir. Je vous en prie, entrez."

Et le voici en territoire ennemi. Son territoire. Le laissant jauger son appartement, Nora alla saisir deux coupes, emplies d'un riche champagne. Quelle meilleure façon de commencer une soirée ? Lui tendant l'une des coupes, elle souffla d'une voix amusée :

"Et si nous buvions à la résolution de notre affaire ? Notre collaboration s'est avérée pour le moins... divertissante."

"Crispante" serait le mot le plus juste. Elle aurait tout à fait pu se débrouiller sans son "aide". Mais il avait tenu à imposer sa présence et Nora n'avait pas eu d'autre choix que de la supporter. Il avait empiété sur ses plates-bandes. Et il allait vite comprendre qu'il serait avisé de ne pas reproduire cette erreur...



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MessageSujet: Re: Checkmate [Pv Jonathan] Checkmate [Pv Jonathan] I_icon_minitimeJeu 12 Nov 2015 - 0:47


Nora & John

D'un mouvement sec, John tira les rideaux de sa chambre d'hôtel afin de les fermer. Avec la même aigreur, il arracha la couverture du lit, et la jeta au sol avec un oreiller. Il détestait dormir dans un lit et, étant donné qu'il n'y avait ici aucun fauteuil, il se contenterait du sol. Cela ne le dérangeait pas, de toute façon, il ne comptait dormir qu'une ou deux heures, tout au plus. Juste assez pour que son organisme puisse récupérer l'énergie nécessaire. Cependant, il n'était pas encore l'heure d'aller se coucher, fort heureusement, mais la tâche qu'allait devoir accomplir le professeur ne lui plaisait guère plus. A la fin de sa dernière enquête ici même, en Virginie – il recevait beaucoup de demandes depuis qu'il était devenu consultant –, l'un des médecin légiste, une jeune femme, lui avait proposé de venir chez elle pour une partie d'échecs. La proposition – ou plutôt l'ordre – avait laissé Jonathan pantois, il avait même failli refuser. Mais sa fierté mal placée lui avait, encore une fois, joué un mauvais tour : face à l'air suffisant de la femme, il n'avait pu refuser de perdre la face, aussi sarcastique aurait-il pu se montrer pour esquiver cette désagréable soirée. Aussi devait-il à présent se rendre à l'adresse qu'elle lui avait donné, pour jouer aux échecs... Dans quel monde vivait-il ?

Marmonnant quelques paroles bougonnes, John attrapa les clés de sa chambre et sortit de l'hôtel dans lequel on le logeait à chacune de ses visites en Virginie. Il songea évasivement à ses élèves, à l'université de Portland, qui attendaient toujours impatiemment son retour, car il leur racontait ses aventures avec passion. Avec un brin de nostalgie, John se perdit momentanément dans la contemplation d'une enseigne de café, à travers la vitre du bus. Un peu de caféine ne lui aurait pas fait de mal, surtout pour affronter la soirée qui se profilait devant lui. Avec résignation, il détourna la tête, sans pour autant regarder les autres passagers. Il avait pris l'habitude de fermer son esprit à toute la population, à rester dans une bulle hermétique au risque de voir toutes les tares de l'humanité. Des détails souvent insignifiants mais qui, à ses yeux, prenaient tout leur sens.
Lentement, John descendit du bus et marcha quelques minutes avant de se retrouver face à la demeure de Nora … – Nora comment déjà ? Peu importe –, que ses collègues craignaient tant. Ravalant un soupir las, le professeur appuya sur la sonnette du bout de son index. La jeune femme qui lui ouvrit la porte était semblable à elle-même ; bien que John ne soit pas friand de ce genre de fiction, il ne put s'empêcher de faire le parallèle avec Morticia Addams, de la famille Addams. Charmante, certes, mais aussi élégamment sombre.

Alors qu'il entrait dans le vestibule, John jeta un rapide coup d’œil à son propre reflet dans le miroir. Le col de sa chemise blanche était de travers, sa veste brune sans doute un peu trop démodée, et ses cheveux négligés. Il n'avait pas même pris la peine de se rafraîchir le visage avant de quitter sa chambre d'hôtel. Pour lui, les apparences n'étaient que superflues, bien que, pour des cas particuliers, il lui était déjà arrivé de revêtir un costume et une cravate. Ses yeux se perdirent alors dans la contemplation de ce lieu nouveau. Tout y était ordonné, froid, impersonnel. A l'image de sa propriétaire, somme toute. Quelques tableaux étaient accrochés au mur, des contrefaçons très coûteuses, ou peut-être même des originaux. John l'ignorait tout à fait, à dire vrai, il détestait la peinture bien que l'une de ses plus proche connaissance en soit un grand amateur. Arraché à ses observations, John saisit la coupe de champagne, se rendant compte qu'il n'avait toujours pas prononcé le moindre mot.

« Il paraît que la ponctualité est de bon ton. » son regard se darda sur elle. Quelle hypocrisie dans ses paroles ! John faillit sourire mais demeura de marbre. « Voilà un choix de mots fort intéressant, mademoiselle … » Il chercha du regard un papier, un mot, une lettre qui lui indiquerait le nom de famille de Nora mais n'en trouvât aucun, aussi n'ajouta-t-il aucune autre parole. Sa mémoire était parfois trop sélective, surtout en ce qui concernait les noms. « Je n'aurais pas qualifié cela de divertissant, pour ma part, mais si vous y tenez, ces termes conviendront. »

John porta la coupe de champagne à son nez, tentant de déterminer si la jeune femme avait pu y glisser une quelconque drogue, un quelconque poison. Ces agissements vicieux étaient signataire du sexe faible. Une fois assuré qu'il n'y avait aucun danger apparent, il en goûta le contenu. Tout ceci était bien trop formel et crispant à son goût. Il ne se sentait pas à son aise, mais telle était sans doute l'intention de Nora.

« J'aurais préféré un café, ou même un thé, pour être tout à fait franc. »

Sans attendre une quelconque invitation, Jonathan s'assit sur une chaise et reposa son verre sur la table, ne tenant pas à en boire d'avantage. Il n'aimait pas particulièrement ce genre de breuvage gazeux, et sa suspicion naturelle le poussait à ne pas en avaler une gorgée supplémentaire. Joignant ses mains entre elles au niveau de ses genoux, le professeur pencha la tête en direction du plateau d'échecs. C'était un jeu magnifique, il devait l'admettre, aux pièces finement sculptées et au bois verni, fort bien entretenu.

« Je dois admettre que vous avez là un superbe échiquier. M'avez-vous invité dans le but de me faire comprendre que l'on ne vous marche pas sur les pieds, sur votre lieu de travail ? N'y voyez rien de personnel, il paraît que je suis comme ça avec tout le monde, et pas seulement avec vous. Cependant, bien que je ne doute pas une seconde de vos talents en la matière, je ne voudrais pas risquer de vous couvrir de ridicule ici également. »

John était on ne peut plus sérieux, bien que très provocateur. Il savait pertinemment que la jeune femme n'apprécierait pas la remarque, et c'était le but. Nora semblait être une personne courtoise, élevée à un certain rang social, elle dépréciait donc sûrement l'impertinence. Mais Jonathan était quelqu'un de franc, souvent, son manque de tact n'était pas volontaire mais, ici, les paroles étaient parfaitement calculées.
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Nora E. Caine
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MessageSujet: Re: Checkmate [Pv Jonathan] Checkmate [Pv Jonathan] I_icon_minitimeMer 18 Nov 2015 - 23:10

Il était négligé. Terriblement négligé. Nora avait la désagréable impression que l'homme faisait tache dans son appartement, comme un moucheron qui se serait involontairement égaré dans un palace. Petite rectification : elle avait invité ce moucheron-là, pour le remettre à sa place. Ce qu'elle fit immédiatement à la première occasion, s'empressant de le corriger :

"Madame. Pas mademoiselle. Toutefois, je vous accorde la permission de m'appeler Nora. J'ai pour habitude d'installer mes adversaires sur un pied d'égalité. Jusqu'à ce que je ne leur prouve le contraire, bien entendu..."

Elle étira un sourire sur ses lèvres, à la fois narquois et carnassier. Sourire qui disparut bien vite lorsque le Professeur Around eut l'audace de porter sa coupe de champagne à son nez, comme si elle avait pu chercher à l'empoisonner. Vraiment ? C'était là l'opinion qu'il avait d'elle ? Il pensait vraiment qu'elle se contenterait de jouer les Marie Besnard à la manque et de le droguer ? Qu'elle allait gâcher un tel champagne, pour le simple plaisir de se venger de son attitude ? Pour qui la prenait-elle ?

Consciencieusement, Nora compartimenta sa colère dans un coin de son esprit, laissant de la place à une forme d'amusement lorsque Jonathan lui fit remarquer qu'il aurait préféré un café ou un thé. Inutile de s'énerver aussi tôt, pour un sujet aussi futile. C'était probablement ce qu'il cherchait à déclencher chez elle et elle n'avait pas l'intention de lui offrir cette satisfaction. De toute manière, elle était certaine qu'elle aurait largement de quoi s'agacer au fil de la soirée...

D'un geste empreint d'élégance, elle posa sa propre coupe de champagne et s'empara de celle que le Professeur avait délaissé, y trempant ses lèvres. Ce n'était pas empoisonné. Définitivement pas empoisonné. Un grand cru pareil... Ce serait une honte... Un véritable gâchis. Nora ne s'abaisserait jamais à ce genre de viles pratiques. Elle n'avait pas besoin d'une quelconque drogue pour soumette les autres à sa volonté...

"Craignez-vous que l'alcool ne vous tourne les sens, Jonathan ? Il est vrai qu'il serait dommage que je prenne aisément le dessus sur vous en de telles circonstances... Ma victoire ne serait pas totale."

Reposant la coupe à proximité de la sienne, Nora étudia l'homme du regard, le décortiquant scrupuleusement. Il débordait d'arrogance, faisant de son appartement le sien, comme un Prince ayant ses quartiers en tout lieu, en tout endroit. Il s'était assis sans lui demander son avis, avait rejeté son champagne et, pire que tout, l'avait traité en vulgaire empoisonneuse. Détestable. Passionnant. Abject. Définitivement intéressant. Il allait très certainement lui résister, s'efforcer de rester au même niveau qu'elle, peut-être même de la dominer... C'était là un match qu'elle attendait avec impatience... Il ne la soumettrait jamais, mais... sa résistance pourrait peut-être s'avérer solide... Solide et donc des plus amusantes.

Jonathan avait au sein de son crâne une cervelle qu'il savait faire cogiter, comme sa dernière tirade le prouva. Il avait vu clair dans son petit jeu, dans son désir de reconquérir son territoire. Nora peinait à déterminer si elle en était agacée ou, au contraire, agréablement surprise. Peut-être un peu des deux... Il ferait un distrayant opposant. Même s'il parlait de la couvrir de ridicule avec un tel orgueil que le péché capital lui-même en aurait rougi...

"Vous m'amusez, Jonathan."

Elle s'assit sur sa propre chaise, croisant ses jambes d'un geste lent et calculé, juste assez pour dévoiler sans trop montrer, faire deviner sans exposer vulgairement... C'était un jeu qu'elle maîtrisait. Serait-il sensible à ses charmes ? La plupart de ses cibles l'était, tombant sous son piège, se soumettant à son emprise, victimes consentantes d'une charmante manipulation.

Plongeant son regard dans le sien, comme si elle cherchait à lire au plus profond de son âme, Nora reprit d'une voix douce :

"Vous devriez revoir votre façon de mener la danse, Jonathan. Votre attitude ne vous attirera guère que répulsion et haine. Un partenaire dont l'on force les pas est bien moins utile et malléable qu'un cavalier qui croit mener le jeu... Vous piétinez sans réfléchir, étalant vos brillantes déductions en négligeant ce que le reste du monde pourrait vous offrir. C'est là une intéressante façon de procéder. Peu efficiente, toutefois... J'ose espérer que votre stratégie sur l'échiquier sera plus subtile..."

Effleurant l'un de ses pions du bout des doigts, lui faisant effectuer un léger mouvement de balancier, elle déclara alors :

"Souhaitez-vous commencer la partie ou préférez-vous un thé, un café ? Si vous êtes aussi bon joueur d'échecs que vous le prétendez, la nuit risque d'être longue... Longue et passionnante."

Elle étira un sourire sur ses lèvres, déployant sa propre stratégie avant même que le jeu n'ait commencé. Un bref instant, elle lui laissait les rênes, décidant du cours des événements à suivre. Qu'il se croit maître de la situation, que son arrogance le pousse à oublier la prudence... De son côté, Nora tissait sa toile invisible. Pauvre petit insecte. Déjà piégé. Sur le point d'être dévoré, sans même en avoir conscience. Pauvre, pauvre petite chose insignifiante...

"Savourez un privilège que je n'accorde guère à d'autres : vous êtes la deuxième personne à qui j'offre l'opportunité de jouer sur cet échiquier. J'ose espérer que vous ne me décevrez pas, Jonathan. Une victoire sans éclat n'est en rien satisfaisante..."

Eris était la première, la seule avec qui elle avait joué aux échecs sur ce plateau jusqu'alors. Sa chère fille en valait bien la peine et méritait amplement d'exercer ses talents dans un environnement empreint d'élégance et de raffinement. Deux mots qui semblaient absents du vocabulaire de son adversaire d'aujourd'hui, à en juger par sa tenue et son attitude...

Il fallait espérer que son intelligence rattrape le reste. Nora serait très désappointée s'il venait à décevoir es attentes...
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MessageSujet: Re: Checkmate [Pv Jonathan] Checkmate [Pv Jonathan] I_icon_minitimeJeu 19 Nov 2015 - 22:08


Nora & John

Ne sois pas stupide, John, et concentres toi. se sermonna-t-il en l'entendant répliquer un « madame ». Elle n'était pas mariée, certes, mais elle avait une fille, ce qui lui conférait une autre appellation que « mademoiselle ». Non, elle ne lui avait effectivement jamais parlé de sa descendance, mais deux personnes vivaient dans cet appartement, et ce de manière régulière. Trop froide envers John pour que ladite personne soit un homme, il s'agissait donc d'une fille, assez proche de Nora pour demeurer ici à l'année. Ce pouvait aussi bien être une sœur, ou une proche amie, mais John préférait s'en tenir à sa première explication ; il n'était pas là pour enquêter sur la vie personnelle de cette légiste trop susceptible, dans tous les cas. Là, tu es mal placé pour parler. En effet, mais elle ne pouvait pas l'entendre penser. Magnifique invention de l'esprit humain que ce cloaque de silence ! Jonathan la jaugea du regard. Il n'avait guère envie d'être mis sur un pied d'égalité, qu'elle le méprise – grand bien lui fasse, heureux les simples d'esprits –, ou non. L'avis des autres ne comptaient guère à ses yeux, de toute façon. Dans tous les cas, Jonathan constata qu'il l'avait offensé, en portant le verre de champagne à son nez plutôt qu'à ses lèvres, en premier lieu, et cela le fit rire, intérieurement. Elle pensait visiblement être spécialement la cible de cette attitude, mais, à bien y réfléchir, ce n'était pas le cas : John se méfiait de tout le monde, et encore plus d'une personne qui l'invitait chez elle dans la claire intention de l'humilier et le … « remettre à sa place ».

Jonathan croisa les jambe et fronça légèrement les sourcils. « Amusant » ? Et elle, était pathétique. Pour qui se prenait-elle donc, elle, une légiste aux grands airs bourgeois ? Par bien des détours, elle lui rappelait sa mère. Grande, froide, austère, chic. Tss. Cette soirée était des plus déplaisante. A la posture de la jeune femme, John haussa un sourcil. Pensait-elle sincèrement qu'il se laisserait troubler par son jeu de sensualité ? Ah les femmes ! Non, décidément, John ne pouvait que les mépriser. Ou plutôt LA mépriser, elle, car il avait connu des personnes de sexe féminin tout à fait respectables. John trouvait tout ce qui se rapprochait de près ou de loin à la séduction niais, vulgaire, pathétique et éreintant. Tout cela à la fois, qu'il s'agisse d'un simple mouvement des hanches appuyé, ou de la posture de Nora, pourtant peu outrageante. Jonathan vint appuyer son coude sur le rebord de la table et posa sa tête dans le creux de sa main, déjà lassé par la situation, et la conversation en elle-même.

Se faire apprécier ne faisait pas partie des intentions de John, bien au contraire, tenir les gens à distance était préférable pour son espace vital. Cependant, ce que disait Nora était intéressant, considérait-elle autrui comme des pièces d'un échiquier, à déplacer à sa convenance ? Sournoise, donc, de surcroît ! Et elle s'étonnait que l'on pense ses verres de champagne empoisonnés ! La situation aurait pu être amusante, mais elle ne faisait que plonger John dans un profond regret de sa chambre d'hôtel, à quelques arrêts de bus d'ici. Il avait hâte de reprendre l'avion pour le Maine et de retourner dans son appartement au centre ville de Portland. Il aurait même préféré se retrouver devant ses élèves, en amphithéâtre. Peut-être aurait-il l'occasion de leur raconter cette partie d'échecs, et de leur expliquer de quelle manière éclatante il avait rabaisser le caquet d'une légiste trop bavarde ? Cette perspective fit naître l'ombre d'un sourire au coin de ses lèvres et il redressa la tête pour venir fixer le visage de Nora. Elle regretterait ses paroles, en fin de soirée. Amèrement. On verra qui piétine sans réfléchir.

« Mais je ne cherche pas à me faire apprécier, sachez-le, encore moins à mener une quelconque danse... Et un café ne serait pas mal venu, Madame. » appuya-t-il. Pas de familiarité. Son ton était badin, mais il refrénait intérieurement sa hargne. « Je suis profondément touché par l'honneur que vous me faites. » railla-t-il.

En attendant qu'elle lui apporte une tasse de café, Jonathan se perdit dans la contemplation de l'échiquier. Comme il l'avait déjà constaté, c'était un très beau plateau de jeu. Poussant un léger soupir, il s'appuya contre le dossier de sa chaise, et ses yeux fixèrent momentanément le plafond immaculé. Oui, la nuit risquait d'être longue. Trop longue. Passionnante, peut-être, mais John en doutait. Il espérait surtout la désarçonner en six coups, mais il ne pensait pas que ce soit possible. Il ne n'aimait pas Nora, certes, c'était un fait, mais ne devait pas pour autant la sous-estimer, ce serait une erreur, et sa fierté n'y survivrait pas. Maudite fierté. En tout cas, son calme était revenu. S'il ne remercia pas Nora pour la tasse qu'elle déposa près de lui, il l'accueillit avec chaleur. Il porta la tasse à ses lèvres, et le huma, cette fois-ci, plus subtilement, avant d'en prendre une simple gorgée. Dieu bénisse le café. songea-t-il, bien que ses croyances en un quelconque dieu soient inexistantes. Il appréciait également le thé, mais en d'autres circonstances.

« Si nous commencions ? » suggéra John. « Quitte à y passer la nuit, je préférerais ne pas faire traîner les choses en longueur. »

Peu éloquent, comme à son habitude, dans ce genre de situation. John n'était bavard qu'en ce qui concernait son travail ou ses passions, pas à propos de ridicules querelles. Nora semblait avoir au moins autant de fierté que lui, sinon plus, car elle l'avait tout de même invité chez elle dans la ferme intention de lui rappeler où était sa place, somme toute. A sa place, John se serait contenté de la faire virer de l'affaire en cours, ou de l'amener à commettre une faute fâcheuse. De la discréditer. Une méthode qui en valait une autre... Celle de Nora était plus sournoise en ce qui consistait à rabaisser John seulement ici, dans cette pièce, en face à face. Une humiliation personnelle plutôt que professionnelle. Il n'y avait pas de piège., seulement eux, deux brillantes personnes dressées l'une en face de l'autre. Si John perdait, le déshonneur heurterait non seulement son ego face à son adversaire, mais cela s'ancrerait plus profondément. Il doutait que la sensation serait réciproque. Nora ne semblait pas penser pouvoir perdre – John non plus, il envisageait seulement toutes les possibilités –, mais si cela arrivait, le professeur était persuadé qu'elle trouverait cela plus intéressant que dramatique. Mais John détestait perdre, dans tous les domaines, même dans ceux qu'il ne maîtrisait pas. Cela ne l'empêcherait pas d'admirer profondément de la jeune femme, à contre coup. En tout cas, seulement s'il perdait. Et il ne perdrait pas.
Quoiqu'il en soit, l'heure n'était pas au spéculations mais à la concentration. D'un geste, John choisit de prendre les pièces noires. Ils auraient normalement du tirer au sort, mais puisque aucun d'eux ne faisait mine de vouloir commencer, il fallait prendre l'initiative.

« Honneur aux dames, je suppose. » laissa tomber John en s'asseyant face au plateau d'échecs, positionnant délicatement les pièces à leurs places respective.

Il se demandait quelles stratégies adopterait Nora, au cours de ce jeu. Il leva les yeux dans sa direction, attendant posément qu'elle commence la partie, puisqu'il lui avait laissé les blancs.
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MessageSujet: Re: Checkmate [Pv Jonathan] Checkmate [Pv Jonathan] I_icon_minitimeSam 28 Nov 2015 - 14:45

Un café pour Monsieur, donc. Tant qu'elle y était, Nora allait également s'en servir une tasse. Elle le sentait, la soirée risquait d'être longue. Et elle ne s'en plaignait pas. Cela faisait bien longtemps qu'elle n'avait pas eu l'occasion d'affronter un adversaire à sa mesure. Elle aimait jouer avec sa fille, mais leur relation à ce niveau était loin d'être égalitaire. Nora était le Maître, Eris son disciple. C'était un plaisir bien différent de celui qu'elle se préparait à expérimenter avec Jonathan.

Ils se détestaient. Se jaugeaient l'un l'autre. C'était un jeu de domination, de pression, de pouvoir. Son jeu. Nora était une experte en ce domaine. C'était ce qui lui valait d'effrayer autant que de fasciner ses pairs, ses collègues, les personnes qu'elle avait pu fréquenter au cours de son existence. L'existence était une longue et délicate partie d'échecs, durant laquelle Nora, en joueuse professionnelle, déployait ses atouts et protégeait ses faiblesses avec dextérité et réflexion.

Tendant son café à Jonathan, elle profita de leur proximité pour croiser son regard, apercevoir son âme au travers de ce miroir limpide. Nora éprouvait un malin plaisir à ancrer ses yeux dans ceux de ses interlocuteurs, quitte à créer une forme de malaise. On pouvait lire tant de choses dans le regard d'autrui... On y devinait l'incertitude, la crainte, le besoin d'être rassuré, une supplique permanente...

Nora puisait au sein de tous ces regards les informations nécessaires pour lui permettre de mener sa meilleure stratégie. La spontanéité ? Une forme d'expression bien rare pour la doctoresse, qui préférait mille fois maîtriser chaque aspect de ce qu'elle pouvait renvoyer, de ce que les autres percevaient d'elle... Permettre à la chance et au hasard de diriger sa vie, cela la conduirait inévitablement à la défaite. Au chaos. Et, si Nora acceptait de perdre une partie d'échecs, elle refusait d'échouer au grand jeu de sa propre existence.

Nora ne lisait pas de faiblesse dans le regard de Jonathan. Comme elle, il semblait décidé à lui prouver sa supériorité ou, tout du moins, à la remettre à sa place. De différentes manières, ils jouaient au même jeu. Il ne cherchait pas à se faire apprécier. Nora tentait de créer l'adoration d'autrui à son égard. Le respect. La déférence. L'amour. Mais leurs stratégies divergentes les menaient finalement à un but semblable : parvenir à tirer leur épingle du jeu de la façon la plus efficiente possible.

Prenant place sur sa chaise, Nora étira un sourire sur ses lèvres. Ils semblaient voués à se haïr ou à se révérer l'un l'autre. Etant donné leurs fiertés respectives, la doctoresse penchait plutôt pour la première solution. La haine lui convenait très bien. Une haine courtoise, délicate, passionnée et, par-dessus tout, divertissante. Jonathan ne semblait pas dévoué à devenir l'un de ses pions, que Nora utilisait sans se soucier des conséquences.

Ils étaient égaux. Et Nora était bien décidée à le lui faire comprendre par cette partie. Qu'il cesse de la mépriser. Qu'il sache où se trouve sa place et ne se surestime pas. Mais, plus encore, qu'il ne la sous-estime plus. Jonathan signifia son souhait de commencer et Nora ne put qu'approuver l'idée, hochant la tête tout en trempant ses lèvres dans sa propre tasse de café :

"Inutile de retarder plus encore le commencement de cette partie. Après tout, nous savons très bien, vous comme moi, pourquoi nous nous faisons face en cette soirée qui promet d'être divertissante."

Jonathan choisit les pièces noires. Ce qui laissait à Nora l'occasion de commencer la partie et de décider de la tournure qu'elle pourrait prendre. Elle avança son premier pion, libérant les mouvements de sa tour, à l'extrémité gauche du plateau. Dans un premier temps, il lui importerait de déployer ses pièces, de prendre possession de l'échiquier, tout en préservant son roi. Il lui faudrait développer ses cavaliers, ses fous...

D'un regard, elle jaugea les pièces de Jonathan. Elle ne prendrait ses pions que dans la plus ultime nécessité. Il s'agissait de pièces faibles, pouvant difficilement représenter une véritable menace. Des faiblesses qui, bien employées, s'avéraient essentielles à la réussite d'une partie... Le tout était de savoir bien les jouer. Un autre sourire naquit sur ses lèvres, tandis qu'un parallèle s'établissait avec la façon qu'elle avait de mener sa propre vie.

De l'homme qu'elle avait utilisé et jeté sans ménagement et qui lui avait offert une magnifique fille, de tous ceux et de toutes celles dont elle s'était servie pour parvenir à ses fins... Bon nombre d'entre eux avaient continué à l'aimer sans même réaliser à quel point elle les manipulait. Certains, dont elle avait pourtant précipité la chute, l'avaient même remercié. N'était-ce pas délicieusement ironique ?

"J'ose espérer que vous ferez preuve d'assez de bon sens pour ne pas vous surestimer, Jonathan. Peut-être avez-vous déjà entendu parler du Principe de proportion d'Emmanuel Lasker ? Il stipule que la recherche de petites victoires mènera inévitablement à la défaite. Prenez conscience de votre position, de vos forces et de vos faiblesses, car vous avez vos faiblesses, Jonathan, tout comme j'ai les miennes. Toutefois, j'ai suffisamment de jugeote pour ne pas vous laisser libre accès à ces dernières."

Elle eut un petit rire. Dans ses parties hors tournois, Nora aimait à discuter avec ses adversaires. Elle leur prodiguait parfois des conseils, cherchant à corser le jeu, à s'imposer des challenges. Elle doutait que Jonathan ait réellement besoin de ses conseils, mais cela ne l'empêchait pas pour autant de lui en donner. Le fixant d'un regard analytique, un sourire amusé aux lèvres, elle déclara sur le ton de la plaisanterie :

"Vous ne me ferez pas l'affront de prétendre que mes charmes représentent une distraction pour vous, n'est-ce pas ? Après tout, c'est là une règle officielle qui a été introduite dans le cadre des tournois officiels. N'est-ce pas profondément ridicule ? Je pourrais moi-même prétendre que vos atouts me déconcentrent, mais aucune règle ne vous punirait pour cela. Je serais seule fautive."

Sexiste. C'était ainsi que le monde était fait. Profondément sexiste. Nora détestait cette idée. Détestait qu'on puisse la rabaisser parce qu'elle n'était qu'une femme. Elle était fière de son genre, fière de ce qu'elle était, fière de ce qu'elle avait accompli. Mais le monde semblait s'accorder à diminuer ses mérites en raison de ses charmes. Les hommes tentaient de la rabaisser. S'y essayaient, seulement. Ils regrettaient bien vite leur erreur. Tout comme le ferait Jonathan.

"Ne trouvez-vous pas cela absurde ? De telles règles laissent croire que les hommes ne sont que des chiens en chaleur, s'agitant à la vue d'une paire de seins... Faites-moi plaisir et dites-moi que vous êtes au-dessus de cela, Jonathan. Un homme de votre intelligence, ce serait un tel gâchis si vous veniez à vous rabaisser à ce genre de considérations..."

D'un geste vif, une fois que Jonathan eut effectué son mouvement, elle déplaça l'un de ses pions. Le tout semblait si rapide qu'on pouvait presque croire qu'elle n'y avait pas réfléchi à deux fois. Mais ce n'était qu'une illusion...

"A votre tour, Jonathan."

Le laissant réfléchir, elle prit une gorgée de café.





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MessageSujet: Re: Checkmate [Pv Jonathan] Checkmate [Pv Jonathan] I_icon_minitimeJeu 17 Déc 2015 - 21:18


Nora & John

La sorcière avait raison : il ne fallait pas se surestimer. John avait tendance à oublier cette règle en or en de pareilles circonstances. Surtout en présence d'une femme. Malgré tout, force était d'admettre qu'il ne s'agissait pas de n'importe quelle femme. Charismatique, intelligente, pleine de prestance, rusée. En somme, dangereuse. Mais dangereuse de quelle façon ? Son impudence, cependant, le faisait intérieurement grincer des dents ; elle lui donnait des conseils sur la façon de se conduire dans ce genre de situation, comme une grande dame mondaine se plaçant au-dessus des autres à bien des égards... C'est avec cynisme que le professeur sourit en coin, à la fin de son débit de paroles, la détaillant du regard. Assez de jugeote, disait-elle ? L'une de ses faiblesses, cela allait sans dite, touchait de près, ou de loin, sa progéniture, comme c'était le cas pour la plupart des mères. Du moins, les mères célibataires comme elle pouvait l'être. John ne pouvait comprendre cela, il n'aurait, et ne souhaitait, aucun bambin dans les jambes, aussi intelligent puisse-t-il être en grandissant. Être parent... Une bêtise que bien de personnes devrait ne pas commettre, quand on voyait le résultat... Mais qu'importe ! Ils n'étaient pas là pour parler des heures durant, et lui-même même ne souhaitait pas entrer dans le jeu d'une joute verbale. A vrai dire, cette soirée l'ennuyait profondément, et cela comprenait la discussion dans le même lot. Nora entrait dans la catégorie des femmes irritantes, manipulatrices, hautaines, … D'un point de vu purement psychanalytique, John aurait pu se laisser convaincre que ce qui l'agaçait réellement n'était pas tant Nora que le fait qu'elle ressemblait grandement à sa mère.

John fit donc abstraction des paroles de son adversaire pour observer posément le plateau d'échec. En toute ouverture stratégique, il fallait déployer ses pièces de manière rapide, de façon à ne pas bloquer certaines pièces en arrière. Les cavaliers nécessitaient essentiellement une rapide prise de décision, car plus lents à déplacer que certaines autres pièces comme le fou, pouvant aller en diagonal aussi loin que cela était possible, ou encore la reine, pièce maîtresse du plateau. John déplaça un pion de deux cases pour commencer, comme il était courant de le faire en ouvrant une partie. Il décida cependant qu'il roquerait rapidement son roi et sa tour : mieux valait prévenir que guérir, surtout face à une adversaire habile en face de soi. John ne jouerait pas une partie trop risquée, pas au début, il voulait d'abord observer la manière qu'avait Nora de se déployer. Elle aurait sans doute le même réflexe... Mais peut-être pas la même stratégie de défense.
Alors que John songeait à tout ceci, la voix de la légiste vint encore une fois briser le calme qui entourait normalement une partie d'échec. Le professeur ne fit pas de commentaire, gardant les yeux rivés sur le plateau. Ce qu'elle racontait là n'avait que trois buts précis : soit de faire la conversation, ce qui serait donc plat et ennuyeux, soit de le déstabiliser, ou bien, encore, soit de l'énerver assez pour qu'il se déconcentre, ce qui revenait sensiblement au même qu'à la deuxième théorie.

« Si vous me savez assez intelligent pour me placer au-dessus des attributs féminins, ou masculins, ou du sexisme en règle générale, pourquoi me posez-vous la question, alors ? » cingla la voix de John, sec et sans appel.

Il ne tenait pas à débattre sur le sexisme des règles d'échec, ou de toutes autres règles de la vie courante ! Il y en avait tellement. Tout comme il y avait tellement de femmes pour le revendiquer dans les rues quand l'envie leur en prenait. Grand bien leur face, les combats sociaux n'intéressaient pas Jonathan, encore moins le sexisme. Lui-même devait admettre sous-estimer le sexe dit faible, en bien des circonstances. L'effet d'une représentation sociale pré-mâchée, sans doute. Jonathan ne se cachait pas de sa misogynie lorsque cela lui paraissait dérisoire. Demeurait cependant certaines femmes trouvant grâce à ses yeux, comme la shérif – bien que détestable – de Dumfries qui n'avait pas froid aux yeux, et Nora ici présente. John ne pouvait pas se targuer connaître plus personnellement d'autres dames dans son cercle restreint de connaissances. Quoiqu'il en soit, ses « atouts » le laissait de marbre, et il n'était pas du genre à jouer sur les règles mises en place – sauf en cas de réelle tricherie. Mais il doutait qu'il soit dans les goûts de Nora de tricher, cela ne serait pas faire preuve de fair-play.

« Je n'ai pas d'avis sur ce genre de questions tout bonnement parce que je ne perds pas mon temps à y réfléchir. Mais puisque visiblement il est de votre goût d'en discuter, je vous répondrais tout simplement que j'ignorais qu'une règle comme celle-ci existait. Écrite par des hommes pour des hommes, sans nul doute possible. Il me semble que considérer un homme comme aisément attirer par les femmes est un préjugé de notoriété sociale, mais, malheureusement, les hommes sont réellement difficilement contrôlable, non ? Peut-être peut-on supposer qu'en les catégorisant au rang de prédateur, ou de « chiens en chaleur » comme vous dites, ils finissent par penser eux-mêmes qu'ils en sont. »

John observa rapidement le mouvement de la jeune femme. Rien de stratégique pour le moment. Mais tout bon joueur d'échec se devait d'avoir trois coups d'avance. Il serait donc stupide de prétendre que la jeune femme n'avait rien établi pour l'instant : elle n'était pas débutante, au contraire, c'était ce qui rendait la chose un peu plus intéressante qu'elle ne l'avait paru en début de soirée. John attrapa un autre de ses pions pour dégager légèrement la place à ses autres pièces. Il allait ensuite jouer l'un de ses cavaliers, celui de gauche, pour favoriser le roque qu'il comptait faire par la suite. Pour cela, il devrait encore déplacer le fou, ensuite, il aurait quartier libre. Il comptait également laisser une petite rangée protectrice de pions. Il préférait vraiment ne prendre de risque qu'en dernier recours. Ou lorsqu'il aurait compris la manière de jouer de son adversaire.

« Donc, pour vous répondre franchement, puisque visiblement vous tenez à le savoir, je ne suis pas un homme à femmes. En vérité, la futilité du plaisir sexuel ne m'intéresse pas. » Ça me dégoûte. songea-t-il en son for intérieur.

Il leva les yeux sur Nora, attentif au moindre de ses mimiques.

« Que vous soyez femme ou homme, cela m'importe peu. Nous jouons aux échecs, nous ne débattons pas sur la société du 21ème siècle. Ni même de celle des siècles précédents qui, vous n'êtes pas sans le savoir, défavorisait bien plus sévèrement le sexe faible. »

Sexe faible. Une petite pique lâchée avec un certain degré de provocation non feint. Peut-être cela calmerait-il ses envies incessantes de discuter autour d'un plateau d'échec ! John se cassait suffisamment la voix lors des conférences qu'il donnait toute la semaine, inutile d'en rajouter en de pareilles circonstances. De toute façon, l'homme n'avait jamais été très loquace lorsqu'il s'agissait de discussions qui, à ses yeux, n'avaient que guère d'intérêt.

« A votre tour, madame Caine. »
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MessageSujet: Re: Checkmate [Pv Jonathan] Checkmate [Pv Jonathan] I_icon_minitimeVen 25 Déc 2015 - 22:35

Fascinant. C'était le premier mot qui lui venait à l'esprit en observant et en écoutant Jonathan Around. Fascinant. Il n'était pas comme tous ces hommes que Nora avait l'habitude de côtoyer et de jauger pour finalement les dominer. Il était probablement fait du même bois qu'elle, bien que leurs méthodes et leur perception de la vie différaient. Nora jouait avec les sentiments des gens pour les plier à sa volonté, Jonathan se préservait d'eux pour pouvoir les évaluer à distance... Du moins, c'était ainsi que la doctoresse voyait les choses. Intéressant, vraiment intéressant...

Son sarcasme violent ne l'offensait guère. Elle avait déjà établi au sein de son esprit que leur relation était supposée être égalitaire. Par conséquent, il était aussi bien en droit qu'elle de chercher à la déstabiliser, à lui renvoyer à la figure ses propres phrases, ses doutes, ses interrogations, ses supposées faiblesses... Un sourire amusé s'étira sur ses lèvres et elle répondit alors à sa réplique cinglante :

"J'ai rencontré au cours de ma vie des hommes brillants, Jonathan. Des hommes qui, pourtant, semblaient incapables de concevoir le fait qu'une femme puisse être aussi intelligente qu'eux, si ce n'est plus... Comme si la simple appartenance à un genre plutôt qu'à un autre vous octroyait une forme de supériorité... J'espérais ne pas me tromper à votre sujet, Jonathan."

Cette partie d'échecs n'était qu'un prétexte pour connaître son adversaire, définir leur relation, leurs rangs respectifs. Pour cette raison, Nora se laissait aller à des discussions qu'elle ne se serait jamais permise dans des cadres plus "officiels". Les pièces elles-même étaient bavardes quant à la personne qui les déployait, mais ce qu'elles pouvaient révéler restait limité.

Elle hocha la tête au reste de ses propos. C'était là le grand conflit de l'inné et de l'acquis : l'homme était-il si "affamé" qu'il avait été nécessaire de le préserver de ses appétits sexuels par la création de règles absurdes ou avait-il été poussé à devenir ce "monstre pervers" par des consignes visant avant tout à rabaisser la femme à sa condition supposée inférieure ? Nora penchait certainement pour la deuxième option.

Jonathan déplaça son premier pion, tirant un autre sourire à la doctoresse. Voilà, la partie commençait réellement. Qu'importe le résultat final, défaite ou victoire. C'était le cheminement qui mènerait à cette conclusion qui était réellement crucial, ce qu'ils pourraient apprendre l'un de l'autre, tirer de la partie qu'ils jouaient tous deux... Nora ne souhaitait rien de plus que le respect qui lui était dû, ce même respect qu'il lui avait refusé durant l'affaire sur laquelle ils avaient collaborés.

Buvant une gorgée de café, elle jaugea le plateau, réfléchissant à son prochain déplacement. La dernière remarque de Jonathan concernant son absence d'intérêt pour le plaisir sexuel renforça, bien au contraire, celui qu'elle éprouvait à l'égard du Professeur en criminologie. Après tout, c'était là l'une de ses armes fétiches à l'égard de ses interlocuteurs et de certaines de ses interlocutrices : jouer de ses charmes pour les faire basculer sous sa coupe. Au final, ce n'était pas tant l'acte lui-même que la domination qu'elle pouvait y exercer qui lui procurait un véritable plaisir.

Jonathan y était insensible. Savoir qu'elle ne pouvait pas user de cet atout-là contre lui la plongeait dans une joie tout juste contenue. Elle était habituée à des victoires faciles, à des rapports de force gagnés d'un simple battement de cil, d'une petite phrase bien placée, d'une robe soigneusement choisie... Le professeur ne lui offrirait pas pareille réussite sur un plateau d'argent. Se battre pour obtenir ce qu'elle voulait : voilà qui était inhabituel et follement excitant.

Jusqu'alors, Nora était plutôt encline à éprouver un sentiment positif à l'égard de son interlocuteur. Une haine courtoise, teintée d'intérêt et d'amusement, à l'égard d'un homme qui lui prouvait qu'il savait jouer sur le même terrain qu'elle. Puis il y avait eu cette petite pique... Cette expression qui la débectait, cette façon de penser qui la répugnait...

A votre tour, Madame Caine. Eh bien, soit. Elle allait effectuer ses propres déplacements. Avançant un pion pour libérer les mouvements de sa Dame, elle reprit une gorgée de café, répondant à Jonathan sans se départir de son sourire, quoiqu'un peu crispé :

"Si l'on suit votre raisonnement, Jonathan, il aurait été inutile de mener la moindre lutte puisque, de toute manière, chaque siècle précédent était bien plus sévère, bien pire à notre égard. Imaginez ce que serait notre société aujourd'hui si nous n'avions pas pris part à d'âpres combats pour obtenir ce qui nous revenait de droit. Si nous avions simplement décidé que la situation actuelle était moins pire que la situation antérieure et que cela ne valait donc pas la peine de se battre..."

Une autre gorgée de café. Nora était déçue. C'était un sentiment qui lui déplaisait particulièrement. Leur entretien avait été parfait jusqu'à ce que Jonathan ne s'égare dans cette idiotie de "sexe faible". Le respect que Nora avait fait naître en elle à son égard avait diminué considérablement. C'était avec une forme de mépris qu'elle l'observait actuellement :

"Je continue à me battre pour que chaque année passée soit moins pire que la précédente. Pour que les êtres obtus dans votre genre puissent toujours se dire : "C'était tout de même plus dur avant". Vous êtes né d'un côté qui n'a jamais eu à lutter pour obtenir ce qu'il souhaite, Jonathan. Je n'envie pas votre position : elle a fermé votre esprit à des considérations aussi enrichissantes que primordiales."

Le regard de Nora se reporta sur son plateau d'échecs. En elle bouillait l'envie de gagner pour lui prouver qu'il avait tort, mais elle savait que cette colère ne la mènerait pas à la victoire. Elle devait réfléchir froidement et logiquement aux choses, séparer la partie en cours des sentiments qui la traversaient actuellement...

"A votre tour. Faites donc preuve de cette jugeote dont vous avez cruellement manqué durant ces dernières minutes. J'ai encore le mince espoir de pouvoir vous considérer comme un être intelligent et je ne souhaite guère que vous me détrompiez. Ce serait gâcher mon café et le privilège de jouer avec des pièces aussi précieuses que de partager tout cela avec un imbécile misogyne et borné."

Un autre sourire. Ses pensées la portèrent un instant auprès de sa fille. Sa compagnie aurait été bien plus agréable... Enfin, Jonathan pouvait peut-être se rattraper...
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MessageSujet: Re: Checkmate [Pv Jonathan] Checkmate [Pv Jonathan] I_icon_minitimeLun 18 Jan 2016 - 19:11


Nora & John

John ne doutait pas qu'une femme puisse égaler, ou presque, son intellect. Il en avait déjà rencontré. Ou, en tout cas, des personnes respectables. Il ne songeait donc pas foncièrement qu'être un homme lui concédait des capacités supérieures. Il s'agissait là seulement d'un fait. S'il trouvait les femmes souvent ennuyeuses et inutiles ? Oui. Mais il ne leur jetait pas la pierre, c'était ainsi, et la société évoluait avec de plus en plus de place pour elles. Fort bien. Cela ne le concernait en aucune façon. Déjà, il regrettait son ultime provocation. Il pensait qu'elle changerait de sujet, en lui lançant un regard assassin, mais il s'était trompé. Il aurait dû s'en douter, il s'agissait d'une forte tête, aussi têtue et déterminée que pouvait l'être une dame. Retenant un soupir, John releva les yeux sur elle, impassible mais pourtant lassé. Il finit par lever les yeux au ciel, au fil de son discours. En étaient-ils obligé de passer par-là ? Un débat inutile sur le genre des sexes et l'oppression des femmes dans la société... Jonathan aimait défendre ses idées, et son point de vu, mais pas quand il s'agissait d'un sujet aussi inintéressant à ses yeux. Éloquente, elle l'était, et peut-être même y avait-il une part de vérité au fond de ses paroles. Sans doute, même, mais, encore une fois, John se sentait si peu concerné par tout ceci qu'il ne pouvait se montrer qu'irriter, avec la force du désespoir. Moi qui pensais que la soirée s'améliorait légèrement. Tu ne peux t'en prendre qu'à toi-même, une fois encore, mon vieux. Cependant l'éloquence n'entrait pas en ligne de mire dans une partie d'échec ; partie que John aurait préféré continuer en silence avec, pour seule distraction, le bruit de leurs pièces se posant sur le plateau et le tic-tac de l'horloge.

D'un autre côté, John était satisfait, car il avait trouvé un autre point faible, et sensible, chez la femme qui lui faisait face. L'égalité des sexes. Une forme de justice. Ce n'était pas grand chose, mais l'agacement qu'il sentait émaner d'elle pouvait potentiellement la mener à faire des erreurs. Cependant, si elle était aussi froidement pragmatique qu'il l'imaginait, elle ne se laisserait pas éconduire par une chose aussi banale et encombrante qu'une émotion. Les dernières paroles le firent sourire. Fait rare et assez notable pour être remarqué. Il faillit même laisser échapper un rire franchement amusé, mais cela ne lui ressemblait que trop peu, aussi s'en abstint-il volontairement.

« Je constate qu'un simple choix de termes peut faire chavirer bien des esprits et amener à des jugements abruptes, et à une vulgaire catégorisation ! Fort bien, cela ne me gêne guère et ne m'empêchera pas de dormir la nuit. Vous savez, la condition des femmes, aussi déplorable puisse-t-elle être ou non, n'est pas un sujet qui m'intéresse particulièrement. La condition humaine, plus généralement, ne me fait guère souci, à vrai dire, lorsque l'on en connaît la noirceur. Vous ne devez pas y être étrangère, vous qui êtes légiste et au moins aussi austère et manipulatrice qu'une Lilith sortie des enfers. Par vos atouts vous tentez de séduire, de déstabiliser, et vous vous étonnez lorsqu'on chercher à en faire autant à votre encontre... Mais n'est-ce pas ce que l'on appel un donné pour un rendu ? Vous semblez vous complaire dans l'utilisation des hommes, et peut-être même des femmes – sans offense, je n'ai que faire de ce genre de détail –, mais qu'un homme utilise une femme vous est insupportable, pour autant, vous ne vous privez pas. N'est-ce pas là l'égalité ? Un jeu de pouvoirs et de séductions, à votre sens. Personnellement je pense que l'égalité est une ineptie faite pour les idéalistes. »

John poussa un profond soupir en s'affaissant un peu dans son siège, comme épuisé par tant de paroles creuses. Un discours qui lui paraissait vain, et inutile à tenir. Il haussa donc les épaules :

« Ah, mais ne pensez pas que je suis en train de juger qui, ou quoique se soit. J'énonce simplement des faits. Tristes ou non, je n'en sais rien, je ne suis pas là pour en juger, et, d'ailleurs je m'en moque. Mon combat n'est pas celui-ci, l'être humain est ce qu'il est avec ses qualités et ses défauts, je présume... Je ne suis pas sociologue. Cependant, épargnez-moi vos discours outrés et faussement déçus alors que vous venez de me faire entrer dans une case particulière d'un genre d'hommes odieux. Je ne me cache pas de l'être, cela non plus ne m'empêchera pas de dormir la nuit, et tant mieux si cela vous dérange, je ne suis pas là par plaisir après tout. »

Autant être franc, de toute façon, il ne disait rien qu'elle ne sache pas déjà. Imbécile misogyne et borné. Jonathan se savait remarquable dans biens des domaines, mais il ne se leurrait pas, il était bel et bien imbécile et idiot dans les relations sociales. Volontairement cassant, détestable, il ne recherchait pas la compagnie d'autrui, de toute manière. Et qu'on le déteste ne le gênait pas. La haine était une forme de relation après tout, non ? Bah. Qu'importait. Il la décevait ? Tant pis, il s'en remettrait ! Avant de se concentrer à nouveau sur le tournoi, le professeur but une gorgée de son café, lui aussi, les yeux rivés sur la plateau avec attention, comme si leur petite discussion n'avait jamais eu lieu. Avec agilité, il déplaça l'un de ses cavaliers. Il devait se déployer, mais sans non plus aller trop loin, trop vite. Observer. Attendre. Jouer. Et, surtout, ne pas se laisser emporter. Le seul moyen de la faire taire pour quelques heures, au moins, allait être de la battre. John ne se faisait pas de souci quant à ce fait, mais elle n'en restait pas moins une adversaire redoutable.
Redevenu silencieux pour un long moment après trop de paroles, John se contenta d'observer les pièces de l'échiquier, songeant à ce qu'il aurait pu faire au lieu de venir ici. Oui, dis-moi donc ce que tu aurais fais, John, hein ? Les boutiques, peut-être ? Tu te serais assit sur ton lit improvisé sur le sol, aurais regardé le plafond sans pour autant t'assoupir en ressassant de moroses pensées. Au fond, ce n'est peut-être pas si mal d'être venu ? Ah ça, jamais !

« Je crois que c'est à vôtre tour, alors, par pitié, finissons-en avec ces discussions inutiles ! Catégorisez-moi donc si cela vous apporte une satisfaction personnelle, vous décevoir est le cadet de mes soucis tant que nous en finissons un jour. » soupira-t-il.
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MessageSujet: Re: Checkmate [Pv Jonathan] Checkmate [Pv Jonathan] I_icon_minitimeVen 19 Fév 2016 - 19:16

Une Lilith sortie des Enfers... La comparaison tira un sourire à Nora, qui se reconnaissait aisément dans le personnage biblique. Bien plus qu'en Eve, en tout cas. Lilith était liberté. Eve était soumission. Nora, elle, n'était que domination, évoluant au-dessus de ses supposés pairs, admirant sa propre magnificence et l'entretenant soigneusement, sans jamais se reposer sur ses lauriers.

Jonathan savait cerner son personnage. Oui, Nora séduisait, déstabilisait, décontenançait ses adversaires. Hommes et femmes, sans distinction aucune. Tout ce qu'il fallait pour qu'elle puisse obtenir ce qu'elle souhaitait. Dans ce domaine-là, Nora n'avait guère de conscience, un état d'esprit qu'elle avait transmis à sa fille, bien plus politicienne qu'elle-même ne l'avait jamais été.

Le professeur en criminologie n'allait pas assez loin dans son raisonnement. Nora le laissa terminer son petit discours, profitant du silence pour boire une nouvelle gorgée de café et observer le déroulement de la partie. Difficile de savoir qui allait gagner... Est-ce que cela avait seulement de l'importance ? La doctoresse tendait à penser que leur discussion avait beaucoup plus de sens et de poids que ce jeu d'échecs qui n'était guère qu'un prétexte pour réunir deux esprits brillants dans une bataille acharnée.

Lorsque Jonathan se mura dans son mutisme, ayant déplacé son cavalier et supplié que leur discussion cesse, Nora prit le relais, fixant l'enseignant d'un regard inquisiteur et impitoyable, indiquant clairement qu'elle n'avait pas la moindre intention de se soumettre à sa demande et de se taire. Son visage se parant d'une expression amusée, elle s'exprima donc d'une voix claire et assurée :

"Vous me flattez en m'offrant le patronyme de Lilith, Jonathan. C'est là une figure biblique bien trop dépréciée à mon goût. Cela mis à part, sachez que vous êtes dans le vrai. Je manipule, je séduis, j'use de tous mes atouts pour avancer dans la vie et remporter l'ultime partie. Je ne m'offusque pas que l'on tente de se mesurer à moi ou de m'affronter sur mon terrain de prédilection. J'attends néanmoins de mon adversaire qu'il reconnaisse ma valeur et ne me diminue pas sous le bas prétexte que nous appartenons à des genres différents."

Elle prit une nouvelle gorgée, offrant à son palais une amertume élégante et appréciable. Déposant sa tasse, elle rassembla ses pensées et reprit la parole, soulignant les propos de Jonathan avec un sourire empreint de sarcasme :

"Je ne dévalue pas certains de mes adversaires parce qu'ils sont hommes, femmes ou que sais-je encore. Je le fais parce que j'ai l'intime conviction qu'ils ne méritent pas mieux de ma part et je base cette pensée sur leur valeur intellectuelle. Valeur que je vous reconnais, Jonathan, en dépit de certaines de vos idées pour le moins... arriérées."

Le mot était faible. Mais Nora était une femme courtoise. Recourir à la vulgarité serait indigne d'elle. Elle laissait ça aux êtres sans éducation et dépourvus du moindre raffinement. C'est-à-dire la majorité des personnes qu'il lui fallait côtoyer, bien malheureusement.

"Mais assez parlé de tout cela. Vous disiez que vous n'étiez pas là par plaisir. Alors, que faites-vous ici, Jonathan ? Qu'est-ce qui vous a motivé à accepter mon invitation ? Teniez-vous tellement à prouver votre supériorité que l'idée de refuser ce défi vous était proprement insupportable ?"

Elle déplaça un pion, le mettant délibérément en danger pour inciter Jonathan à le manger à l'aide d'une de ses pièces maîtresses. C'était un piège grossier, indigne de ses stratégies raffinées, mais Nora voulait simplement vérifier que son adversaire était toujours concentré sur le jeu et non sur leur conversation ou les sentiments et émotions qu'ils en tiraient tous deux. Cerner l'état d'esprit de Jonathan était primordial pour Nora, qui se basait avant tout sur les faiblesses d'autrui pour remporter la victoire.

"Je vous comprends, Jonathan. Notre ego nous rend incapable d'accepter une défaite par forfait, l'apanage des lâches et des faibles. Cette supériorité que nous entretenons l'un l'autre se doit d'être assénée continuellement aux êtres médiocres qui nous entourent, qui songent, naïvement, que nous évoluons dans les mêmes cercles.... Mais quand deux êtres supérieurs se jaugent, s'estiment et s'affrontent, comme nous le faisons actuellement, qu'en est-il de l'issue ?"

Le sourire de la doctoresse s'accentua encore. Cette rencontre régalait la noirceur brillante de son âme. Un adversaire à sa hauteur, qu'elle haïssait et appréciait tout autant, dans un duel d'échecs et de finesse d'esprit... Quelle meilleure façon de passer une soirée ?

"La conclusion a-t-elle seulement la moindre importance, me direz-vous ? Peut-être ne faut-il s'attarder que sur le chemin parcouru pour y parvenir..."

Et quel chemin ! Nora doutait qu'ils approchent du dénouement, à dire vrai. A moins que la patience de Jonathan, déjà peu résistante, ne finisse par s'effilocher... Ce serait une fin comme une autre. Un départ qui signifierait probablement la victoire de la Doctoresse, maîtresse en sa demeure.
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MessageSujet: Re: Checkmate [Pv Jonathan] Checkmate [Pv Jonathan] I_icon_minitimeMer 4 Mai 2016 - 18:08


Nora & John

Espérer la voir se taire ? Quelle ineptie ! John poussa un long soupir, volontairement audible. La conversation l'ennuyait. Définitivement. S'il ne répliquait pas, cependant, ne prendrait-elle pas son silence pour une victoire ? Rien de plus détestable que de voir une personne jubiler à tort. Malgré tout, le professeur décida qu'il était plus sage de faire la part des choses. Il ne souhaitait pas converser plus longtemps. Si, de ce fait, Nora y puisait une quelconque satisfaction tant mieux pour elle. Il n'était pas venu ici pour la convaincre de quoique se soit, ni pour être convaincu de quoique se soit... Il était ici pour remporter une partie d'échec. Mettre son intellect au service d'une victoire qui ferait ravaler le venin que Nora répandait sur la table de jeu.
Au terme « arriéré », John ne put que sourire, franchement amusé par le qualificatif. Oh ! Les jugements faciles, il s'en lavait les mains. Il ne la méprisait pas tant par son statut de femme que par ses manières peu orthodoxes dans une partie. Vouloir le séduire, par exemple, tenter de le distraire par d'harassantes paroles... Prendre les hommes de haut pour leur perversité, mais ne pas se gêner en faisant de même... Voilà un paradoxe qui aurait mérité un intérêt particulier. Le dicton ne disait-il pas, « Ne fais pas aux autres ce que tu n'aimerais pas qu'ils te fassent ? » John supposait que certaines personnes se croyaient au-dessus de ce genre de réflexion.
Lui le premier, en fait. Il ne s'en cachait pas.

A la remarque de Nora sur son égo, John ne put que rire franchement, cette fois-ci en la regardant avec une lueur toute ironique au fond des yeux. Oui, peut-être n'était-ce que son ego qui le poussait à agir... Sa fierté. Son orgueil. N'était-ce pas ce même orgueil qui l'avait poussé, elle, à faire le premier pas ? A lancer cette stupide invitation, ce défi afin de l’appâter dans son antre, dans l'intention de le dévorer à sa manière ?
Les questions n'étaient au final que de la rhétorique. Elles coupaient court à toute conversation. John reporta son intérêt sur le jeu qui se dressait devant eux. Un jeu aux possibles multiples. Chaque déplacement offrait de nouvelles issues à la situation dans laquelle, mutuellement, ils s'étaient engagés. Ni l'un ni l'autre ne souhaitait perdre. Fruit de leur fierté, oui, peut-être. Donner une leçon. Prouver leur supériorité. Ou tout simplement mener un rude combat qui s'achèverait fatalement par un gagnant, et par un perdant. John n'écartait pas la possibilité d'une égalité somme toute courante dans les tournois d'échec. Cependant, il allait tout faire pour que cela n'arrive pas, et que le vent tourne en sa faveur.

Sa main se porta sur l'un de ses pions, ignorant celui que Nora avait délibérément mis en valeur, et continua d'avancer, mettant sans relâche sa stratégie en place. Il savait que, dès le prochain tour, il allait devoir en changer. Dans une partie comme celle-ci, rien n'était immuable. Chaque nouvelle ouverture changeait radicalement toute la donne. Pour la première fois de la soirée, John s'accordait sur les paroles de son adversaire : le chemin qu'il leur fallait parcourir pour déboucher à l'issue de ce combat serait sans nul doute le plus intéressant...
L'ombre d'un sourire étira les traits de son visage tandis que l'une de ses pièce glissait en avant. Cette fois, il choisit de ne répondre à aucun des propos de Nora. D'une part pour se concentrer sur le jeu, d'autre part parce que cela commençait à le fatiguer. Elle pouvait désormais le considérer comme un mur, le moindre de ses propos entrerait dans l'oreille d'un sourd. Seuls comptaient les pions, et les diverses stratégies. L'esprit de John était en feu, et (enfin !) il commençait à trouver la partie, et la situation en elle-même, un tant soit peu intéressante !

* * *

John trempa ses lèvres dans la tasse de café posée à côté de lui. Sans sucre, bien corsé. Ses yeux se portèrent vaguement à l'horloge indiquant une heure tardive. Trop tardive, peut-être, mais le temps défilait de manière impalpable.
L'échiquier était désormais presque nu, seulement orné de quelques pièces maîtresses et de pions survivants. La bataille finale, acharnée, était sans nul doute la plus délicate. Mais aussi la plus exaltante. Ce n'était que jeux de tentations, de pièges dressés de manière subtile, ou grossière, destiné à qui fatiguerait le plus vite. Mais, alertes, les deux adversaires semblaient l'un comme l'autre insatiables. Lorsque l'un s'approchait du but, l'autre surenchérissait. Un cercle vicieux, sans fin... Les possibilités se resserraient de plus en plus... Jusqu'à devenir répétitives. Ils se sortaient de la même situation, mais n'avaient d'autres choix que de répéter inlassablement les mêmes mouvements, ce qui n'aboutissait pas. Conformément aux règles des échecs, cela signifiait La nulle. John redressa la tête vers son adversaire, arqua un sourcil avant de reporter son attention sur le plateau, quelques secondes. Non. L'évidence sautait aux yeux.

Match nul.

John resta quelques instants perplexe avant de se racler la gorge. Il ne jouait jamais contre des adversaires de taille, en général, et il finissait toujours pas gagner. A l'usure, parfois. Jamais encore un match nul ne lui était arrivé. A lui...
Il ne pouvait nier sa forte admiration.

« Bravo, vous m'avez impressionné, force est de le constater. » ces mots lui brûlèrent la gorge, mais il ne le regrettait pas le moins du monde. Il lui tendit la main en détournant les yeux. Ah... Oui. Il l'admettait. Elle était loin d'être stupide. Il ne l'appréciait pas pour autant, cela ne changeait pas ce simple fait. Le mépris s'était seulement déplacé à un autre degré. « Je suis navré d'avoir ruiné vos plans de vengeances, en tout cas, Madame. Vous m'en voyez navré, j'espère que vous voilà satisfaite, en tout cas, bien que cela ne change que peu l'opinion que je me fais de vous. Je suppose que la réciproque est vraie, et que cela ne troublera en aucun cas notre sommeil respectif. »
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