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 Burning Bridges [PV Will]

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Jacob G. Andersen
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MessageSujet: Burning Bridges [PV Will] Burning Bridges [PV Will] I_icon_minitimeSam 21 Nov 2015 - 16:16

C’était ici, je le savais, je le sentais. Mon portail se trouvait là, au fond de l’eau, il suffisait que je plonge et je pourrais revenir de l’autre côté. Revenir dans mon monde, retrouver ma vie, ma famille d’origine. Un univers où je n’avais créé personne, si on ne comptait pas Alice mais elle méritait de toujours être compter. Un univers où je n’avais donc créé qu’un être, le plus parfait de tous. Je suis assis là depuis quelques temps déjà, des heures sans doute cherchant mon courage car je n’ai jamais beaucoup aimé être en hauteur. J’essaye de me rassurer et de me motiver, me répétant que c’était après tout comme dans Alice au pays des Merveilles, tomber dans un trou et ressortir dans un autre monde. Je n’allais pas mourir noyé ou me blesser puisque je ne serai plus dans l’eau, je passerai le portail. Cependant, tous mes instincts semblent être en alerte et refusent que je saute.

Un homme est venu me parler il y a quelques minutes, me demandant si j’allais bien, s’inquiétant sans du doute du fait que j’étais suicidaire et que je comptais rencontrer la mort sur ce pont. Je n’avais aucune intention de mourir bien au contraire, je compte même revivre. Une petite voix dans ma tête m’indique que je sais que tout cela est dangereux sinon j’aurais pris Spencer avec moi. Il m’aidait tellement et cela depuis des années pour retourner dans mon monde et je l’avais lâchement laissé derrière sans rien lui dire. Mais si le portail ne s’ouvrait pas ou ne s’ouvrait que pour une personne ? Je ne peux pas mettre sa vie en danger, il est trop précieux et bon pour finir noyé sous un pont de Baltimore.

Lentement, les mains glacées par la température et sans doute l’appréhension, je me relève et m’accroche à l’une des barrières avant de l’enjamber rapidement. J’ai peur de perdre le peu de courage et de détermination que j’ai mis des heures à trouver alors je ferme les yeux, sentant le vent passer sur mon visage avant de lâcher péniblement une main puis l’autre et de me pencher en avant. Je panique rapidement en sentant mon corps partir dans le vide, oui c’est ce que je veux faire mais mon instinct de survie resurgit et j’essaye de me raccrocher. Trop tard. Je fends l’air rapidement, l’eau se rapproche tout aussi vite. Le portail doit être là. Il va l’être. Sinon je vais rentrer dans l’eau à très grande vitesse et probablement mourir. Et ce n’est pas du tout ce que je veux.

L’eau est à quelques centimètres mais rien ne se passe, pas de lumière, pas d’atterrissage dans mon monde, juste moi qui entre dans l’eau et me prend un choc violent dans le bras et la partie gauche du visage. Ma position n’était pas idéale pour un plongeon et j’en sens tout l’impact. A l’intérieur de l’eau, je suis un peu secoué par le choc et mes vêtements m’alourdissent. Mon long blouson d’hiver prend l’eau et me tire vers le fond. J’essaye de l’enlever, de me dégager mais mon bras gauche me fait mal, ma tête me fait mal et j’ai de l’eau qui me rentre dans les yeux, dans la bouche, dans le nez.

C’était une mauvaise idée, je n’aurais jamais dû faire ça, j’avais été stupide et j’allais mourir ici au fond d’une eau glacée sans que personne ne s’en rende compte. On retrouverait mon corps dans quelques semaines dans un mauvais état. Spencer donnerait surement l’alerte en ne me voyant pas après plusieurs jours. Ou non, peut-être qu’il pensera que je l’ai abandonné et théoriquement ce n’était pas faux, je l’abandonnais. J’abandonnais tout le monde, lecteurs, éditeurs, famille, spencer. Je ne veux pas mourir.

Je ne veux pas mourir…
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Will Graham
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Fonda
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MessageSujet: Re: Burning Bridges [PV Will] Burning Bridges [PV Will] I_icon_minitimeJeu 17 Déc 2015 - 19:09


Burning Bridges
ft. Jacob G. Andersen


    The kind of suicide where somebody jumps off a bridge, part of them hopes they survive and part of them wants to be over. I think a lot of people are hoping for some percentage of survival that may change them because they’re looking for change within themselves.Bryan Fuller Jacob G. Andersen

Le retour de Baltimore se fait de façon presque mécanique à présent. Des gestes trop souvent répétés qui deviennent des automatismes tandis que son esprit vagabonde ailleurs, sur des routes moins connues, moins sûres. Le trajet, pour long et répétitif qu’il soit, ne l’incommode pas. C’est une nécessité, et il y a dans ces kilomètres qui séparent les deux Etats quelque chose de rassurant. C’est autant de distance qu’il place entre Hannibal et lui. Physique, à défaut d’être émotionnelle, mais qui lui permet au moins de se retrancher sur lui-même. De retourner au calme et à la solitude de Wolf Trap. C’est en partie illusoire : il ne laisse pas ses démons à la frontière du Maryland. Ils le suivent jusque chez lui, se glissent dans les recoins les plus familiers et les plus obscurs, impossibles à ignorer, exigeant son attention. Ils le suivent dans les plis de ses draps, s’insinuent dans ses rêves et ses cauchemars, chuchotent à son oreille dès le réveil. Will est accoutumé à voir laideur et beauté se côtoyer : ce que son imagination conjure n’est que le fruit de cette union, prenant chaque jour un peu plus forme sous les doigts habiles d’Hannibal. Il apprend à vivre avec, il apprivoise la créature sans la dompter. Elle symbolisera un jour sa perte ou son devenir, mais un changement est aussi une fin en soi, et d’une façon ou d’une autre, il sait qu’il n’en sortira pas indemne. Il ne compte pas dessus. C’est un saut de la foi, et la foi ne récompense pas toujours ceux qu’elle habite.

Perdu dans ses pensées, il faut un certain temps à Will pour réaliser que la silhouette qui se dessine au-dessus du pont n’est pas qu’une projection de son esprit. Un peu plus pour réaliser qu’elle se tient du mauvais côté de la rambarde. C’est avec un vague sentiment d’irréalité qu’il voit la silhouette se détacher pour tomber comme une masse et fendre la surface de l’eau avec violence. Sa voiture quitte aussitôt la route pour se garer sans précautions sur le bord, et il ne prend pas le temps de couper le contact ou de fermer la portière derrière lui alors qu’il court vers la rive, ne s’arrêtant pas même pour kicker ses chaussures et retirer son manteau avant d’entrer dans l’eau glacée. Le brusque changement de température créée un choc qu’il ressent dans tout son corps, et pendant quelques secondes, sa respiration se coupe, mais il se reprend rapidement, ne laissant pas au froid le temps d’engourdir ses membres et de ralentir son cœur.

S’il s’arrêtait pour réfléchir, il se dirait peut-être que ce n’est pas la meilleure des idées. Qu’il ne lui appartient pas de sauver une vie qui cherche à embrasser la mort. S’il devait en arriver là lui-même, s’il devait s’abandonner de son plein gré aux eaux sombres et tourmentées au bas d’un précipice, ce ne serait probablement pas avec l’intention d’en revenir. Mais le destin ne se plie pas à la volonté des hommes. De façon assez absurde, il repense à une citation lue récemment. Une interview d’un certain Jacob G. Andersen, un homme excentrique mais sympathique qu’il avait rencontré peu de temps auparavant. Interpellé par son comportement, il n’avait pu s’empêcher de chercher à en savoir plus sur l’écrivain et il avait lu cet entretien concernant un de ses livres, qui s’achevait sur le suicide de son personnage principal, se jetant du haut d’une falaise. Il avait parlé de la dualité que toute personne suicidaire avait en elle : le désir de mourir, et celui d’être sauvé, de trouver une rédemption dans le changement. D’une façon ou d’une autre, ne rien faire n’est pas une option. L’eau arrive à sa nuque, et il se concentre pour économiser ses mouvements, être aussi efficace que possible tandis qu’il approche de l’endroit où l’homme a sauté. Rien ne remonte à la surface. Will inspire goulûment une grande bouffée d’air avant de plonger.

Sous l’eau, sa vue est si limitée qu’elle en est presque nulle. Il cherche, tâtonne, plonge toujours plus bas. L’oxygène commence peu à peu à lui brûler les poumons, s’échappe de ses lèvres en multiples bulles en même temps que son espoir s’amoindrit. Alors qu’il s’apprête à remonter, il sent quelque chose frôler sa cheville, et avec un dernier sursaut d’énergie, il agrippe ce qui lui semble être un bras avant de remonter vers la surface avec force, le cœur paniqué face à des réserves qui se font de plus en plus rares. Lorsqu’il émerge enfin, la première bouffée d’air est semblable à une lame de rasoir qui s’insinue en lui, mais il ne s’attarde pas, luttant pour faire sortir la tête de l’homme hors de l’eau avant de passer son bras autour pour le maintenir dans cette position tout en nageant vers la rive. Le retour lui paraît durer une éternité, et la tentation de s’échouer sur la terre ferme et de ne plus bouger jusqu’à ce que sa respiration retrouve un rythme normal alors qu’il y arrive enfin est plus que tentante, mais Will ne s’autorise pas ce luxe alors que l’homme à ses côtés ne semble pas être conscient. Ce n’est qu’au moment où il se penche sur lui qu’il réalise, médusé, qu’il le connaît. Et ce n’est autre que Jacob. Drôle d’ironie. Sur laquelle il reviendra plus tard. Avec le peu de force qu’il lui reste, il ouvre la chemise de l’homme sans se soucier de la déchirer, et place aussitôt ses mains de sorte à lui faire un massage cardiaque. Un… deux… trois… cinq… dix… à la trentième compression, il s’arrête pour pincer le nez de l’homme et lui faire du bouche à bouche. Deux insufflations. Il reprend le massage sans interruption. Un… deux… trois… cinq… soudain, Jacob ouvre les yeux et son corps se courbe brutalement sous une quinte de toux violente.

Enfin, Will se laisse tomber sur le côté, laissant à l'autre homme le temps de reprendre ses esprits. Le froid est mordant, et ses vêtements mouillés collent à sa peau, entraves plutôt que commodités, mais la fatigue est telle que ces données deviennent temporairement secondaires. Ce n’était pas vraiment comme ça qu’il avait prévu de passer le restant de sa journée. Exténué, il s’autorise quelques secondes immobiles, secondes qui deviennent minutes tandis que l’un et l’autre reprennent leur souffle, et lorsque sa respiration se fait moins erratique, avant qu’il ne puisse plus quitter cette torpeur, il se force à se redresser, allant s’emparer de son manteau et de ses chaussures abandonnés de façon désinvolte un peu plus loin. Lorsqu’il revient, Jacob est assis, tremblant comme une feuille mais bien vivant, et Will passe son manteau sur ses épaules. Il n’énonce aucune des mille et une questions qui lui viennent à l’esprit. Au lieu de ça, il murmure :

« Ma voiture est à quelques mètres, il y a une couverture à l’arrière, et j’ai le chauffage. Venez. »

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Jacob G. Andersen
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MessageSujet: Re: Burning Bridges [PV Will] Burning Bridges [PV Will] I_icon_minitimeVen 25 Déc 2015 - 17:05

Une grande bouffée d’air que je ne croyais plus jamais pouvoir prendre entre dans mes poumons. Je m’arque sous le choc, mes yeux s’ouvrent mais ils mettent du temps à s’adapter et je ne vois qu’une silhouette floue au-dessus de moi. Suis-je mort ? Sans doute pas, je ne vois pas pourquoi je sentirai la douloureuse brulure qui agite mes poumons si je l’étais. Les questions étaient donc, est ce que j’avais réussi à rentrer dans mon monde ou est-ce que j’étais encore dans celui-ci ? Piteusement, j’amène une de mes mains sur mon front, essuyant l’eau qui me coule dans les yeux. Je tourne alors la tête vers la personne que j’entends respirer à côté de moi.

Will Graham. Je suis absurdement tiraillé entre deux sensations. La déception de ne pas avoir pu passer dans mon monde et le bonheur de ne pas l’avoir fait. J’avais fini par m’habituer à cette vie et à être heureux. J’avais un meilleur ami particulièrement adorable avec qui je vivais, ma famille semblait aller bien et j’avais l’opportunité de rencontrer certaines de mes créations. Et Will Graham en était une exceptionnelle. Sans vouloir me vanter bien sûr, Je n’avais fait que faire son caractère de base, tout le reste venait de lui.

« Je… » J’essaye lentement d’articuler une phrase cohérente mais le manque d’oxygene que mon cerveau a subit et la douloureuse brulure qui semble engloutir tout mon système respiratoire ne me permettent pas d’en dire plus. Juste un pronom, juste un sujet.

L’homme disparait quelques instants et je veux le retenir, le forcer à rester ici et à me parler. J’ai tellement de choses que j’aimerais lui dire, de questions que j’aimerais lui poser. Peut-être est ce mieux ainsi, après tout pourquoi me croirait il ? La seule personne qui l’avait jamais fait été Spencer, tous les autres avaient ri et m’avaient traité de fou. Je ne pensais pas être capable de supporter ca de la part de ce personnage-ci que j’avais toujours particulièrement apprécié.

Grelottant, je me redresse. Tout semble anesthésié par le froid de l’eau dont on vient de me sortir. Mes membres sont pâteux, mon corps est agité d’un tremblement continu et je sens à peine le poids d’un manteau qui se pose sur mes épaules. Je l’aperçois du coin de l’œil et je relève les yeux vers mon sauveur. Il aurait pu être le héros angélique d’une autre histoire. Le sauveur de l’humanité, il avait déjà le visage d’un ange, j’aurais pu le façonner autrement et lui ajouter les ailes et l’auréole, personne n’aurait vu la différence.

Trop engourdi pour me sentir rougir, je suis à peu pres sur que je l’aurais fait si j’en avais eu la possibilité. Après tout comment ne pas le faire devant ce spécimen d’homme et à plus forte raison quand celui-ci est trempé de la tête aux pieds avec ses vêtements qui le collent comme une seconde peau. Je m’interdis calmement de faire paraitre mon état ébahi face à cette apparition. Lentement et afin d’acquiescer à sa proposition j’essaye de me relever. Je mets un peu de poids sur ma jambe et chancelle grimaçant de peine.

« J’ai... J’ai sans doute dû me faire mal à la jambe dans ma chute » J’explique d’une voix beaucoup plus rauque que d’habitude.

La situation en elle-même doit lui paraitre particulièrement bizarre. Il a après tout sauté dans l’eau glacée pour sauver un homme qui venait de se jeter d’un pont. Je savais exactement ce qu’il devait penser. Je devais être suicidaire sans doute, que je ne supportais plus cette vie, que j’avais voulu en finir. Il allait me regarder avec pitié et peut être prévenir quelqu’un. Il ne devait absolument pas faire ça. Nous venions tout juste d’avoir notre autorisation pour vivre à deux avec Spencer, si le Dr Lecter pensait que j’avais fait une tentative de suicide, il enlèverait surement cette permission et j’aurais tout gâché en vain. Peut-être même qu’on m’enfermerait à nouveau pour « mon bien ». Et mon meilleur ami qui allait être abandonné à cause d’une stupide erreur, d’un mauvais choix. Non, Will Graham ne devait absolument pas parler de ça à quelqu’un.

« Ecoutez Mr Graham… Je sais à quoi cela ressemble. Et je ne vais pas vous dire que j’ai trébuché ou qu’on m’a poussé, je ne vais pas vous mentir. Mais… Je n’ai vraiment pas essayé de me tuer, je vous assure qu’il y a une explication rationnelle. Enfin… Qui l’est pour moi. » Doucement, je posais ma main sur son bras, prenant garde à ne pas toucher sa peau. Ce contact était surtout pour nous lier un peu même s’il n’aurait pas la même signification pour lui. « S’il vous plait, ne prévenez personne, pas les secours ou ma famille, tout va bien. Il s’agissait d’une erreur de jugement que je ne commettrai plus. » Me rendant compte que dans ma panique je n’ai même pas fait preuve de gratitude j’ajoute. « Je vous remercie vraiment pour votre aide, vous êtes un héros, vraiment. » Littéralement. « Je ne sais pas ce qui se serait passé si vous n’aviez pas décidé de m’aider. »

Je retirais délicatement ma main de son bras, espérant ne pas l’avoir offensé par mon manque de manière et ce contact. Certaines personnes comme Spencer ont un peu de mal avec les contacts physiques et j’espère ne pas avoir mis mon sauveur mal à l’aise avec ce geste. Je savais exactement ce qui serait arrivé sans lui, j’aurais été entrainé vers ma mort et je lui en serai éternellement reconnaissant. Constatant le tremblement de ma main, je sors de mon état pour me rendre compte que je ne le remercie pas du tout en lui faisant la conversation alors qu’il doit être lui aussi frigorifié. D’autant plus qu’il n’a pas de blouson sur lui.

« Je veux bien accepter votre offre, vous avez-vous aussi besoin d’un peu de chaleur. Je ne voudrais pas que vous attrapiez une pneumonie par ma faute. Malheureusement, il me semble que vous allez devoir m’aider un peu, je ne suis pas sûr de pouvoir atteindre votre voiture en m’appuyant sur une seule jambe. »
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MessageSujet: Re: Burning Bridges [PV Will] Burning Bridges [PV Will] I_icon_minitimeDim 10 Jan 2016 - 1:18


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C’est sans un mot que Will écoute les explications de l’autre homme, ne ponctuant ses paroles que par l’un ou l’autre claquement de dents incontrôlé. Ce ne sont d’ailleurs pas vraiment des explications qu’il reçoit, plutôt un mélange confus de supplications et de remerciements qui quittent avec précipitation les lèvres de Jacob, visiblement anxieux à l’idée que son geste soit mal-interprété. Moins parce qu’il se soucie de son opinion que parce qu’il craint de finir dans un hôpital psychiatrique, de ce que Will en déduit. Et il peut comprendre cela, il est bien placé pour. Cette peur là, comme tant d’autres, est ancré en lui depuis qu’il a compris que son esprit ne fonctionnait pas tout à fait comme les autres, avant même de comprendre les notions d’empathie ou de neurones miroir. Le plus pénible n’étant pas même la perte de liberté, mais bien la crainte d’être aliéné. Dans un sens, en l’y confrontant, Hannibal Lecter l’a délivré cette peur. Mais ce n’est qu’une de muselée pour tant d’autres encore indomptées.

Un contact sur son bras le ramène brusquement à lui avec surprise, mais ce n’est pas tant une question d’espace personnel – pas après avoir nagé sur plusieurs mètres en agrippant l’écrivain comme il l’avait fait – que de sensation, le froid des doigts étrangers le pénétrant jusqu’à l’os. Il s’accroche cependant à cette sensation pour rester aussi éveillé que possible, sentant déjà la torpeur gagner ses membres. Le mot héros le fait cligner des yeux, et il est aisé de voir à son expression que le terme lui déplaît, mais il ne relève pas. En revanche, le coin de ses lèvres s’étire légèrement en réaction à une nouvelle remarque de Jacob, ni tout à fait sourire ni tout à fait grimace. Pas étonnant ; il ne sent plus son corps.

« J’ai une bonne idée de ce qui se serait passé, et je pense que vous aussi, M. Andersen. » Il s’efforce de parler distinctement en dépit des tremblements qui l’agitent, sa voix atteignant à peine un niveau audible. La grimace disparaît, et il rencontre le regard de l’écrivain, brièvement, avant d’ajouter : « Mais je vous crois lorsque vous dites que ce n’était pas votre but. »

Une façon comme une autre de le rassurer, même s’il ne considère pas la conversation comme terminée. Il n’a pas l’intention de se mêler de ce qui ne le regarde pas, mais qu’il le veuille ou non, il a lié sa destinée à celle de cet individu, si ce n’est que le temps de quelques minutes - mais quelques minutes cruciales -, et une part de lui veut en savoir plus. L’autre part aimerait qu’il soit déjà chez lui, seul et chaud, loin de complications auxquelles il ne veut pas être mêlé. C’est la part de lui qui l’emporte habituellement. Mais ce n’est pas la première fois que Jacob Andersen l’interpelle dans son attitude. C’est à peine plus qu’une impression qu’il ne peut nommer, mais il se fie suffisamment à son instinct pour savoir que cela signifie quelque chose. Une explication rationnelle… enfin… pour moi. Et étrangement, cela fait sens. Will ne sait pas ce qu’il a poussé à sauter du pont, ne saura peut-être jamais, mais il n’a aucun mal à croire que ce n’est pas un élan suicidaire. Il a vu des hommes agir de façon plus incompréhensible en suivant des motifs plus obscurs. Peu de choses l’étonnent encore dans la psychologie humaine.

Sans plus attendre, il se penche pour passer un bras autour de Jacob, l’aidant à se redresser tant bien que mal. Il tire sur les dernières forces qu’il lui reste pour les guider, chancelants, grelottants et misérables, jusqu’à la voiture. Ce ne sont que quelques mètres, mais la distance parait ne jamais se réduire tant l’exercice est fatiguant. Il peut être au moins soulagé que personne ne soit parti avec son véhicule, la portière encore grande ouverte, clés sur le moteur comme une parfaite invitation au vol, mais la route n’est guère empruntée à cette heure-ci. Lorsqu’ils l’atteignent enfin, Will aide tant bien que mal l’autre homme à prendre place avant de lui-même s’installer derrière le volant, fermant aussitôt la porte pour mettre le chauffage à fond. Inutile de songer à conduire tant que la chaleur ne sera pas revenue dans ses membres ; c’est à peine s’il peut articuler ses doigts, et un accident est la dernière chose dont ils ont besoin présentement. Il se penche vers l’arrière pour récupérer le plaid installé sur la banquette, distinctement couvert de poils de chiens, et le déplie entre eux de sorte à ce que chacun en tire profit au maximum.

Il souffle sur ses mains avant de les frotter ensemble, ne marquant une pause que le temps d’indiquer la boîte à gants à Jacob :

« Il y a des antidouleurs, si ça peut vous aider. »

Sa voiture n’est pas un modèle très récent ; le chauffage met un certain temps avant de se mettre proprement en marche, et pour le moment ce n’est qu’une sortie d’air pas franchement agréable compte tenu de leurs vêtements mouillés. Il fouille dans sa poche pour en extraire un téléphone, mais celui-ci ne semble plus vraiment en état de s’allumer, n’ayant que peu apprécié la baignade. Ils sont donc coincés ici en attendant de pouvoir reprendre la route. Il fixe pendant quelques minutes un point dans l’horizon avant de reprendre la parole avec un léger soupir :

« Je ne dirai rien à personne. Mais cette erreur de jugement a failli vous coûter la vie. Il serait peut-être bon de comprendre ce qui vous a mené là si vous ne voulez pas reproduire cette erreur. »

Une incitation à parler ou au moins à réfléchir, au choix. Ce n’était peut-être pas responsable de s’engager à garder le silence face à une personne qui représentait visiblement un danger pour elle-même ; si Jacob n’avait pas souhaité mourir et avait donc sauté sans anticiper que c’était probablement la fin qu’il rencontrerait, cela disait quelque chose sur son état mental, et pas quelque chose de positif. Will ne pouvait donc pas le laisser partir sans au moins s’assurer que ce quelque chose n’allait pas mettre à nouveau ses jours en danger.

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Jacob G. Andersen
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MessageSujet: Re: Burning Bridges [PV Will] Burning Bridges [PV Will] I_icon_minitimeVen 22 Jan 2016 - 21:59

Serrant les pans du plaid contre moi, j’appuie ma carcasse tremblante, gelée et dégoulinante d’une eau qui a probablement vue de meilleurs jours contre le siège de la voiture. Je n’ai pas l’impression d’être maitre de mes mouvements, ma peau ne semble plus m’appartenir, la sensation de mon propre corps comme étouffée sous la présence cinglante du froid. C’est sans doute mieux, je ne sens quasiment rien, je ne peux même pas savoir si j’ai réellement mal quelque part maintenant que je n’appuie plus sur ma jambe. Un bon signe sans doute d’avoir au moins pu sentir que quelque chose n’allait pas avec elle, non ? Ou un très mauvais si même la torpeur du froid n’arrivait pas à contrer mes nerfs.

Je repense vaguement aux propos de l’autre homme sur ce qui aurait pu se passer, ce que nous savions qui aurait pu arriver. Ma mort, ma disparation si cet homme courageux n’était pas, heureusement, passé pas loin du pont et avait assisté à ma chute. Ou plutôt à ma tentative du saut de l’ange raté. J’étais un peu perplexe sur comment m’expliquer, il n’avait pas donné d’objections à mes propos, n’avait pas mis en doute ce que je lui disais mais il ne me croirait sûrement pas quand je commencerai à lui déballer toute l’histoire. Peut-être serait-il mieux pour nous deux que je mente ? Cependant, je n’avais pas de brillantes idées de génie à ce moment précis, et je secoue légèrement la tête en pensant à mon imagination d’habitude si prolifique qui semble être morte à ma place au fond de l’eau. Pour l’instant, je choisis de garder le silence.

J’attrape les anti douleurs, n’étant pas convaincu de pouvoir les avaler sans eau mais ne voulant pas non plus entrer en contact avec cette chose avant quelques temps. Enfin, si on ne comptait pas mes vêtements imbibés et les gouttes que je sentais descendre le long de mon front. Je le remercie doucement, essayant de ne pas trop parler, réfléchissant aux conséquences que mes réponses pourraient avoir. Je me rappelle vaguement d’un jeu vidéo auquel j’ai joué dernièrement où chaque action avait une conséquence sur l’histoire et j’ai l’espace d’un instinct la sensation que rien de ce qui se passe n’est réel. J’appuie machinalement l’ongle de mon index dans la paume de ma main mais l’engourdissement est toujours là et la sensation attendue n’arrive pas. Je fixe un arbre à quelques mètres de nous, m’efforçant d’en compter les branches, de me rappeler de ce fameux jeu avec les choix, de l’après-midi que j’avais passé avec Spencer à y jouer.

Mon attention toujours sur l’arbre, j’entends la voix de l’autre homme résonner dans l’habitacle. Je laisse échapper un petit souffle soulagé en entendant sa première phrase, je sais que Will Graham est un homme de confiance, je l’ai créé ainsi et je n’ai même pas besoin de douter de sa parole. Il me l’a donnée, il ne me trahira donc pas. Tout aller bien se passer. Je savais exactement ce qui m’avait mené ici et ce n’était pas une envie d’en finir mais plutôt une envie de commencer une nouvelle vie ou en tout cas de retrouver l’ancienne. Je ne me souvenais pas exactement des raisons qui m’avaient poussé à penser que ce pont serait le bon, que cet endroit serait mon passage.

Tout est assez confus, je me rappelle être sorti de mon rendez-vous avec le docteur Lecter ce matin, d’avoir été faire les courses, d’avoir même prévu un repas pour Spencer et moi. Je me souviens être rentré chez nous et de m’être dit qu’il fallait que je fasse quelque chose de spécial pour noël, pour nous deux. Après ça tout est un peu flou. Tout ce que je sais c’est que j’avais été persuadé que le portail se trouvait ici. Les raisons m’échappent sans doute à cause du choc et de l’expérience que je viens de vivre. Peut-être que quand l’adrénaline sera redescendue, je pourrais tout me rappeler.

« Écoutez Will… » Je m’interromps quelques instants presque choqué par ma propre impolitesse. Il m’est extrêmement familier mais lui-même ne me connait pas vraiment. Précipitamment j’essaye de sauver la situation. « Je… Désolé, je peux vous appeler Will ? Après tout vous venez de me sauver la vie… » Je lui demande d’une petite voix les yeux toujours fixés sur le fameux arbre, sentant les couleurs me monter à la tête. Au moins, ma circulation refonctionne. Malheureusement.

Je rougis donc encore comme une écolière alors que je n’ai pas mis les pieds dans une école depuis plus de 20ans… Enfin si on oublie les fois où j’ai amené Alice. Will est objectivement un très bel homme et la façon dont sa chemise mouillée se moulait à son torse en ferait rougir plus d’un. Je n’avais plus cette vue actuellement mais c’était sans doute pour le mieux. Nous n’étions pas du tout fait l’un pour l’autre et j’avais déjà mes vues sur quelqu’un mais un peu trop apeuré à l’idée de faire le premier pas et de tout gâcher. Me rendant compte du long silence que j’avais laissé après ma maladresse, je tourne enfin mon visage vers Will, essayant par ce geste de me faire un peu pardonner pour mon manque flagrant d’éducation.

« Je ne pense pas que vous me croirez même si je vous dis totalement la vérité. »
Je lui annonce d’une voix un peu tremblante d’anxiété. « Je n’ai pas de mal être ou de… dépression, ma vie va parfaitement bien en ce moment, j’ai un merveilleux colocataire, ma fille est à la fac, j’ai un livre en cours d’écriture, je vous assure que je n’ai pas voulu me faire de mal. » Je serre un peu plus fort les pans de la couverture, m’efforçant de continuer à le regarder alors que j’ai seulement envie de me faire tout petit et de me cacher dans la boite à gants. « J’essayais de me rendre quelque part, je pensais que l’entrée se trouvait dans l’eau, j’ai apparemment eu tort » J’ajoute vaguement, n’en laissant pas trop passer mais suffisamment pour qu’il puisse avoir une explication, il la méritait après tout.

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MessageSujet: Re: Burning Bridges [PV Will] Burning Bridges [PV Will] I_icon_minitimeMar 19 Avr 2016 - 3:02


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ft. Jacob G. Andersen

Ce n’était un mystère pour personne que les hivers en Virginie étaient rudes. Le vent qui venait de la côte était glacial, et la neige tombait par couches épaisses, récalcitrante à la fonte même lorsque le soleil dardait timidement un rayon après s’être caché des jours durant. Will le savait en achetant son terrain à Wolf Trap, et ne s’attendait pas à autre chose. Le froid s’accompagnait bien souvent du silence et de la solitude, et il avait obtenu exactement ce qu’il voulait. La Louisiane, avec ses températures chaudes et humides, ses journées trop longues et ses invasions de moustiques était loin derrière lui, et jamais il ne l’avait regretté. Jusqu’ici.

En cet instant, rien ne lui manquait tant que ces soirées d’été où il était assis sur le porche de leur vieille maison, aux côtés de son père profitant d’une bière, les mains encore sales du travail de la journée, à écouter les criquets chanter dans l’air lourd et pesant qui précédait les nuits d’orage. Il pouvait encore sentir la moiteur sur sa peau et la façon dont le tissu de ses chemises collaient un peu trop dans son dos, et à côté de la sensation présente qu’étaient ses vêtements mouillés exposés à une source d’air qui peinait à se réchauffer, cela paraissait être un souvenir agréable. Il savait que l’idéal aurait été de se débarrasser des dits vêtements – meilleure façon de contourner l’hypothermie et une nette amélioration par rapport à sa condition présente – mais ni le lieu ni la compagnie ne s’y prêtaient, et tout cela ressemblait déjà suffisamment au début d’un mauvais film, inutile d’en faire en plus un film porno. La situation n’avait vraiment rien de glamour, en vérité. Will l’endura avec le peu de dignité qu’il lui restait, grelottant et dégoulinant, se drapant tant bien que mal dans une moitié de couverture rapiécé puant le chien.

Son attention se reporta sur l’homme à ses côtés, guère mieux loti que lui et probablement moins bien s’il en croyait les difficultés qu’il avait manifesté à marcher, ce qui n’était pas vraiment une surprise considérant la chute qu’il venait de faire. Il ne releva pas l’usage de son prénom, au fond habitué à ce qu’il soit employé à tort et à travers – ni Jack ni Hannibal n’avaient attendu d’avoir son autorisation pour ce faire. La familiarité n’était pas vraiment incongrue après ce qui venait de se produire et il acquiesça son assentiment sans interrompre l’écrivain, attendant muettement une réponse, peut-être un début d’explication.

Celle qui vint était des plus déconcertantes, mais étrangement ne se plaçait même pas dans le top 5 des choses les plus bizarres que Will ait pu voir ou entendre, particulièrement au sein du FBI. Il médita un moment les paroles de Jacob sans dire mot, les mains jouant distraitement avec le pan de la couverture dans un maigre effort de faire retourner la circulation dans ses doigts. Enfin, il fronça légèrement les sourcils, mais nul jugement ne s’inscrit sur son visage lorsqu’il demanda, maîtrisant tant bien que mal le claquement de ses dents :

« Une sorte de… portail ? » Déjà, il sondait l’esprit de l’autre, tâchant d’en comprendre les rouages, d’adopter son point de vue pour mieux le cerner. Mais il ne s’attarda pas sur cette idée, aussi originale fut-elle ; ce n’était pas tant cette fantaisie qui le rendait curieux que ce qu’elle cachait. Il ne s’agissait pas simplement de retracer les faits, mais aussi de déterminer les motivations qui se trouvaient derrière. « Et où pensiez-vous qu’il menait ? Pourquoi avoir voulu l’emprunter si votre vie ici vous convient ? »

Réalisant avec retard ce qu’il était en train de faire, il coupa son flot de questions, se fustigeant mentalement. C’était une chose de ne pas pouvoir éteindre son empathie ou de ne pouvoir stopper son imagination lorsqu’elle partait au galop, mais c’en était une toute autre que d’endosser le rôle que Jack lui faisait porter dans des situations qui ne le requéraient nullement. Ce n’était pas une scène de crime et il n’y avait pas de mort – même si cela c’était joué de peu. Il était cependant capable de voir que si Jacob ne lui disait pas tout, il ne mentait pas non plus. Son geste n’avait pas été celui d’un homme désespéré cherchant à soulager sa peine de quelle que façon que ce fût. La seule détresse qu’il avait pu percevoir de lui avait été lorsqu’il lui avait demandé de ne parler de tout ça à personne, craignant certainement les répercussions que cela pouvait avoir. Il pouvait au moins être rassuré à ce sujet.

« Je ne veux pas être intrusif, j’essaie seulement de comprendre. Déformation professionnelle, je suppose. Vous n’êtes pas obligé de répondre. »

Tournant la tête d’un air contemplatif vers le pont d’où il avait vu la silhouette de l’écrivain s’élancer dans le vide, il laissa le silence imprégner l’atmosphère pendant quelques secondes. Le chauffage de la voiture commençait doucement à se faire sentir, la sortie d’air se faisant plus tiède et moins déplaisante à mesure que le temps passait. Ses jambes étaient encore engourdies et il ne sentait aucun mouvement dans ses orteils, mais les tremblements se faisaient moins violents, l’entrée d’air dans ses poumons moins cinglante. Offrant à son compagnon une issue à l’interrogatoire auquel il le soumettait malgré lui, il ajouta :

« Vous devriez tout de même aller consulter pour votre jambe. Vous êtes écrivain, vous n’aurez pas de peine à trouver une excuse. »

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Jacob G. Andersen
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MessageSujet: Re: Burning Bridges [PV Will] Burning Bridges [PV Will] I_icon_minitimeMar 17 Mai 2016 - 14:05

Légèrement soulagé par le hochement de tête m’autorisant ma prise de liberté avec son prénom, je laisse mon corps se détendre contre le siège de sa voiture. Les plans du plaid toujours resserrés contre moi afin de ne laisser aucun froid me parvenir, espérant réchauffée ma carcasse blessée et gelée. Will avait sans doute eu le bon réflexe, quelqu’un de moins intelligent ou de moins héroïque aurait pu s’assurer de ma survie hors de l’eau puis s’en aller, me lançant seul sur la terre ferme frissonnant et abattu. Si je pouvais dire que j’étais soulagé d’avoir échoué dans ma mission cela ne m’empêchait pas de ressentir une certaine douleur face à mon échec toutefois j’étais arrivé dans ce monde il y a quelques temps déjà, je ne pouvais pas prévoir ce que le mien était devenu. J’avais longtemps regardé une série avec des univers alternatifs et je comprenais parfaitement que rien ne garantissait que je puisse un jour retourner dans mon propre monde et non dans un autre. Je n’avais également aucune garantie qu’en rentrant tout soit pareil que mon absence n’ait pas causé d’irréparables changements.

Je dérivais lentement mon visage de l’arbre sur lequel j’avais posé les yeux pour observer mon voisin alors que le silence s’installait dans l’habitacle, le regardant digéré mes mots et sans doute tenter de les rationnaliser. Après tout qui croirait à ce genre de choses ? Si je ne les vivais pas moi-même j’aurais sans doute eu une indulgente sympathie pour le fou qui me racontait son histoire. Je voyais bien que Will n’avait pas envie de me vexer, qu’il était trop gentil pour me dire clairement ce qu’il pensait de ma folie. Je l’avais après tout créé, je savais comment il fonctionnait même si je n’avais jamais pu le finir, il s’était fini seul et le résultat était plutôt spectaculaire.

Un portail oui sans doute, il parvient tout de même à comprendre mes paroles en demi teintes, mes mots cryptiques destinés à ce qu’il ne me déteste pas, que je ne lui fasse pas peur, qu’il ne rejette pas totalement les notions qui font ma réalité. Un homme plus dangereux et plus stupide aurait pu réagir avec peur et violence face à de telles paroles. Je le savais, je l’avais vécu quand j’étais arrivé dans ce monde apeuré par tous ces changements ne comprenant pas et me fiant à un étranger qui s’était avéré être un abruti et une brute complet. Nous avons souvent peur de ce que nous ne comprenons pas et cet homme n’avait pas compris. Mais Will était un être qui semblait dénué de toute violence intentionnelle ou en tout cas destiné à s’occuper des êtres perdus et incompris.

Je laissais échappé un petit rire face à son interrogatoire, heureux d’entendre que ma voix avait légèrement perdue de son côté rauque. Sans doute subtilement et peu audible pour quelqu’un qui ne serait pas habitué à m’entendre. Les choses étaient compliquées, est ce que je devais lui avouer la vérité complétement ? Il ne semblait pas réfractaire à mes propos comme de nombreuses personnes l’avaient été. Comme Spencer, il semblait ne pas douter de ma parole ou en tout cas du fait que je sois certain de ce que j’expose. Je lui devais sans doute la vérité au moins pour m’avoir sauvé la vie mais comment aborder le sujet, comment lui annoncer qu’il n’était au départ qu’un personnage fictif né sous ma plume ? Non, il valait sans doute mieux que cette partie de l’histoire reste secrète pour notre bien à tous les deux.

« Vous n’êtes pas intrusif… enfin… si probablement mais ça ne me pose pas de problèmes et je peux comprendre que vous soyez curieux. Je suis moi-même du genre à toujours me poser des questions et à en poser aux autres par conséquent. Je… C’est compliqué à expliquer. »

Je m’interromps quelques instants cherchant des mots qui feraient sens pour lui et qui seraient fidèles à ce que j’essaye d’exprimer. Mais moi, l’écrivain de pavé énorme et difficilement digérables, je me perds dans un flot de mots, chacun d’eux veut sortir en premier et aucun ne fait sens. Mon cerveau encore froid à cause de ma chute dans l’eau semble fonctionner au ralenti, le coup sur la tête n’a sans doute pas aidé. J’espère au moins ne pas avoir de traumatisme crânien, sans doute pas.

« Ce que je vais vous dire va vous paraitre complètement fou Will cependant je vous demande de m’écouter jusqu’au bout et de ne pas sauter à des jugements hâtifs. Je sais que j’ai une imagination féconde mais c’est la réalité dont je vais vous parler. Ce « portail » était censé me ramener dans mon monde. » je fais une légère pause, l’essentiel est dit mais j’hésite sur comment continuer. « Il y a eu un accident il y a quelques temps et je me suis retrouvée ici mais ce n’est pas l’endroit où je suis né. Les gens sont différents même ma famille n’est qu’une copie de l’originale et même si je me suis construits une nouvelle vie ici, je ne suis pas à ma place… Je sais que ça peut paraitre fou et je… Ne me prenez pas pour un fou s’il vous plait… »

Les derniers mots lâchés dans un léger murmure, les muscles de mon dos se resserrant sur eux même attendant le coup fatal, mon œuvre, mon personnage, mon héros me traitant de fou, ne croyant pas ce que je pouvais bien lui dire. Il allait sans doute rire pensant à une farce de ma part ou pire rire de mépris face à mes idées farfelues, je regrettais déjà de lui en avoir parlé mais au moins je n’avais pas abordé le fait que j’étais tombé dans un de mes livres. Toujours attendant la réponse à mes mots, je me rappelle de sa dernière remarque et je recommence lentement.

« Vous avez sans doute raison. Est-ce que… Je sais que c’est beaucoup vous demander mais vous pourriez me conduire jusqu’à l’hôpital ? Après vous serez débarrassé je vous promets, vous n’aurez même pas besoin d’entrer à l’intérieur ?

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