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 183 jours ensemble

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Declan C. Flanders
Declan C. Flanders

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MessageSujet: 183 jours ensemble 183 jours ensemble I_icon_minitimeDim 8 Jan 2017 - 1:50




183 jours ensemble !
Zaccheo Jóhannsson et Declan C. Flanders





La boutique se vide de la dernière cliente. Declan la raccompagne à la porte avant d’en fermer le loquet et tourner la pancarte. Terriblement cliché comme situation. Aujourd’hui, le fleuriste ferme le midi. Cela n’arrivait pas souvent. Il ne pensait pas que cela se produirait un jour. Mais il ne s’attendait pas à s’attacher autant à une autre personne, à lier une telle amitié pleine de galères, de joies et de peines. Malheureusement plus de peine que de joie pour le moment.

Le fleuriste soupire et termine de fermer les portes, entretenir quelques fleurs, faire les comptes et d’autres paperasses administratives. Rien de bien passionnant, surtout ce qui doit être fait. Il est bientôt midi. Bientôt l’heure de partir aussi. Un nouveau soupir lui échappe et il ferme rapidement le livre de compte. Quelques pilules avalées, lui évitant les dépressions les plus désagréables. Il ne pensait pas non plus avoir à se traiter un jour. C’est instable. Cela ne durera pas. Declan espère que ce soit suffisant pour les prochains mois. Il aura tout le temps de se soigner une fois Zaccheo remit sur pieds. Littéralement. Un dernier regard dans l’écran d’ordinateur qui lui sert occasionnellement de miroir pour s’assurer un visage présentable, malgré les cernes. Pas besoin que son ami connaissent les absences de sommeil dans ses nuits ou ses dépressions. Il ferme le livre de compte avant de monter les escaliers qui mènent à son appartement. Il espère Zaccheo levé.


La veille, le professeur était entre mauvaise humeur et dépression, entre lassitude et énervement. Aucune discussion n’émergeait à ce moment là, rien qui ne mène à une quelconque dispute, et même les situations les plus banales pouvaient devenirs des désastres, les conséquences des manques de chacun, les conséquences de toute cette situation. Ce n’était pas le genre de situation agréable et comme bien souvent, les choses s’étaient réglées quand les médicaments avaient fait effet et Morphée avait prit le blond dans ses bras.

Declan parcours les escaliers et espère trouver son ami dans le salon, un livre dans les mains comme il le fait parfois. Mais ce n’est pas le cas. Encore une fois. La pièce principale est ouverte, les volets ouverts, sentant encore le café. La porte du fond est fermée par contre, la chambre où loge son ami depuis près d’un mois et qu’il occupera pendant les cinq prochains. Six mois. 183 jours.

Declan soupire encore une fois et frotte ses yeux fatigués. Il faut vraiment qu’il change ce canapé inconfortable. Il dort mal et savoir Zaccheo dans cet état lui fait mal parfois. Trop de fois. Il est censé être un tueur en série froid mais attaché à son ami, il n’arrive à se sortir du crâne que toute cette situation est de sa faute et que tout ce qui affecte Zaccheo l’affecte lui aussi. Mais il chasse cette pensée de son esprit, pour le moment, il doit réveiller son ami et l’emmener à l’hôpital pour quelques séances de kinésithérapie ou autres.


Trois petits coups sont donnés sur la porte, avant d’entrer dans la pièce, comme à son habitude. La lumière de l’autre pièce laisse voir un Zaccheo endormi, fatigué malgré les trop nombreuses heures de sommeil. La porte reste ouverte, laissant la lumière, et Declan secoue doucement son ami pour le réveiller, caressant son visage et ses cheveux. Réveiller Zaccheo à coup d’eau froide est la dernière des solutions, jamais la première. Sauf pour le mettre de mauvaise humeur.

« Réveille-toi, Beau. Tu as assez dormi pour aujourd’hui. »

Quelques caresses de plus et quelques mots pour le réveiller. Declan n’est toujours pas à l’aise. Certains mots sont à éviter. « Debout » n’est pas vraiment adapté pour le moment. « Lève-toi » non plus. Il les évite, de peur de blesser son ami plus que de lui faire passer une demande. Cela pourrait être tellement simple mais les gens sont compliqués, les gens malheureux sont désespérément accrochés à l’idée que tout va contre eux. Ce n’est pourtant pas le cas.

Zaccheo finit par ouvrir les yeux, les volets sont ouverts, la fenêtre aussi. Le réveil tardif est enfin fait et Zaccheo assit sur son lit, son fauteuil à quelques centimètres de là. Heureusement pour eux, l’appartement de Declan était adapté à celui-ci, bien que cela puisse être compliqués et que les livres qui trainaient un peu partout aient dû être rangé pour laisser le passage.

« On doit être à l’hôpital dans une heure alors viens m’aider à faire la cuisine. Je ne vais jamais m’en sortir seul. »


Declan laisse son ami dans la chambre, se débrouiller seul. Tout est à disposition et Zacch est bien capable de se débrouiller seul. Il a souvent fait comprendre qu’il ne le pensait pas, qu’il n’y arriverait pas.

Le fleuriste balance ses vêtements à Zaccheo, qui les rattrape. Il espère du moins. Il est assit sur le lit, lui et son caractère de chien. Cela fait quelques jours qu’ils sont dans l’appartement et la situation commence à dégénérer. Tout dégénère si facilement. Surtout maintenant. Et dans le creux de l’esprit de Declan nait ce besoin, cet échappatoire dont il a terriblement besoin. A ce moment, il aimerait sentir sa main prendre une vie. Et cela pourrait être celle de son voisin. Ce voisin si valeureux qu’il a vu frappé son enfant pour une idiotie. Ou lui. Un type croisé dans la rue. Il ne le connaît pas mais il a ce « truc », cette violence au creux de son esprit et qui torture cet autre enfant. Il se vengerait. Mais Zaccheo a remarqué ce regard, le même que celui du restaurant. Un promesse faite. Declan ne tuerait pas tant qu’il serait là. Il se déteste de l’avoir promit. Et Zaccheo qui ronchonne, lui qui n’ose rien lui dire, ravivent la douleur, cette rage, cette rage qui explose. Son ami est d’une mauvaise foi sans pareille et cela l’agace.

« Habille-toi, nom de Dieu ! Tu as encore des mains pour le faire, non ? Ton cerveau fonctionne assez pour que tu mettes un pantalon ! »

Il part de la chambre, sentant cette rage bouillir un peu plus. Le jour où elle tombera, elle sera dévastatrice. Il sort, parce que Zaccheo mériterait une bonne paire de baffes mais que les lui donner ne résoudrait rien.

Café dans les mains, sourcils froncés, il regarde Zaccheo. Il ne lui a pas adressé un mot depuis de trop longues minutes et cela pèse sur leurs états d’esprit. Il pourrait garder le silence et instaurer un climat de troisième guerre mondiale. Il est cependant certain que Zaccheo gagnerait vu son état et la rage qui bout en lui, qui lui réchauffe l’âme.

« Je ne vais pas te traiter comme un handicapé. » lui affirme-t-il, dans un calme refroidissant son regard. « Je ne vais pas te traiter comme un handicapé ou te considérer comme malade et ce n’est pas pour autant que je vais te laisser tomber. Je peux te tenir une porte et t’aider mais c’est à toi d’avancer, à toi de décider à quel moment tu veux t’en sortir. Alors ça va faire mal, cela risque de te briser et de te foutre plus bas que terre. Mais je m’en fous. Je vais t’aider à aller mieux et à reprendre tout ce que tu avais, te secouer quand tu en as besoin, à te souvenir et à remarcher. J’espère que ça fonctionnera, j’espère vraiment que tu t’en sortiras… Mais c’est à toi de décider à quel moment tu t’en sortiras, à quel moment tu décides de vivre et d’avoir cette rage qui te permettra de t’en sortir et à moi, de t’aider. Je ne peux rien faire si tu restes un sombre crétin qui ne veut pas réussir et me donne chaque soir envie d’aller massacrer un autre crétin. Tu comprends ? »

Il a débité sa tirade sans laisser le temps à Zaccheo de répondre. Il ne lui laisse pas le choix. Il l’aidera quoi qu’il se passe mais cela lui fait du bien de le lui dire, surtout de prendre conscience de ça. Personne ne peut décider quand Zaccheo ira mieux, comme personne ne peut décider quand il ira mieux. Il prend aussi conscience qu’il ne peut aider Zaccheo que lorsqu’il se sera stabilisé. Au moins pour quelques mois. Et c’est la raison pour laquelle deux jours plus tard, il prenait les premiers antidépresseurs de sa vie.


Retour à la cuisine et à la cuisine. Quand Zaccheo arrive dans la pièce, légèrement encore ensommeillé, Declan lui tend un couteau et l’invite à cuisiner le reste avec lui avant de se rendre à l’hôpital.

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Zaccheo Jóhannsson
Zaccheo Jóhannsson

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MessageSujet: Re: 183 jours ensemble 183 jours ensemble I_icon_minitimeDim 8 Jan 2017 - 22:21









183 jours ensemble.

Declan φ Zaccheo

A quel moment l'homme commence-t-il être dépendant d'un autre, d'un homme, d'une femme ? Ne la-t-il pas réellement toujours été ? Bien avant sa naissance déjà. Durant ces neufs longs mois où il vivait bien au chaud dans le corps de sa mère. Mère qui le nourrissait en même temps qu'elle se nourrissait elle-même. Première dépendance. Puis plus tard, après sa naissance et les quelques années qui ont suivit. Trop petit pour manger seul, trop petit pour marcher et pour parler. Petit être fragile dans un trop grand monde hostile. Mère était là. Père également. Et les autres. Des grands-parents, des oncles, des tantes, des cousines, des amis, des inconnus. Seconde dépendance. Encore plus tard, l'enfance, l'adolescance. Ce besoin vital d'avoir toujours quelqu'un. Parfois le plus de monde possible. Popularité. Se reposer sur les autres. Les épuiser. Les vider de toute énergie. Troisième dépendance. Et enfin, quatre-vingt ans, petit vieux sénile et refourgué à une maison de retraite. Quatrième et dernière dépendance.

Quelques caresses tendres faites sur mon visage, dont les traits apparaîssent tirés malgré les heures de sommeils trop présentes, et sur mes cheveux me tire du sommeil. La voix parlant doucement ne peut être que celle de Declan. Mon ami. Fleuriste à pleins temps, quoique ces derniers temps ce n'est plus tout à fait exacte, et tueur en série à ses heures perdues. Rassurant n'est-ce pas ? Je gnogne doucement alors que les dernière brides de mon rêve s'effacent et que mes yeux s'ouvrent doucement, la lumière m'aveuglant quelques longues seconde avant que je n'arrive à discerner le visage tout aussi fatigué de Declan. Quelques secondes nous nous regardons. Quelques secondes, pas plus. L'ambiance est lourde ces derniers temps.. Enfin, ces trente ou trente-et-un dernier jours. La cohabitation est dure, la discussion ne se fait plus. Stéréotype parfait du vieux couple séniles !

Ta gueule conscience, nous ne sommes pas un vieux couple.

« Je t'avais dis que je ne voulais pas venir habiter chez toi ! Je te l'ai répété sans cesse. Encore et encore mais tu n'as pas voulu m'écouter! » hurlais-je. Une dispute, encore. Cela est devenu habituel entre le fleuriste et moi. Si bien que parfois, j'en viens à me demander si notre amitié réussira à perdurer après rétablissement. Je l'espère, mais j'ai quand même de sacré doute. Toujours le même problème. Mes foutues jambes bougent à peine malgré les nombreuses séances de kinésithérapie déjà effectuée. Pas d'amélioration psychologiques malgré les nombreuses séances avec ma psychiatre et mon psycholoques.

Putain !

Assis face à Declan, nous mangeons en silence. Pourquoi ouvrir la bouche et engager une conversation qui se terminera sûrement sur une énième dispute. Et pourtant, ça me pèse tellement. J'aimerai retrouver mon meilleur amie. Mon confident et mon copain de breuverie. Nos soirées me manquent, toutes ces heures passées à corriger de spaquets de copies interminables. La fac aussi me manque, l'enseignement, l'amphithéâtre et l'odeur de mon bureau et le cuir de mon siège. Le bois brute de mon bureau.

« Declan écoute, je.. je suis désolé d'être un tel poid pour toi. Laisse moi rentrer à l'hôtel et reprendre mon boulot. Je deviens cinglé à force d'être enfermé ici à ne rien faire de ma journée. J'ai besoin de voir du monde et de prendre l'air. De reprendre une activité ! »

Bien évidemment, une autre dispute à éclater. C'était prévisible. Alors j'ai supourié et quitté la table après avoir ramassé mon assiette. Enfermé dans la petite chambre de mon ami, je me suis plongé dans un livre ayant comme thème l'art grècque durant l'Antiquité. Aussi étonnent que cela puisse paraître, cela me détend et me fait oublier pour un temps que je suis bloqué dans un fauteuil roulant et ceux encore pendant cinq très longs mois.

Plus que cent-cinquante-trois longs, très longs jours.


« Hmm, ouais, j'arrive » marmonnais-je en m'asseyant sur le lit, les jambes pendantes en me frottant les yeux. Declan me demande de me dépêcher. Ce foutu rendez-vous, comment puis-je l'oublier ? Toujours les mêmes horaires, aux même jours. Lundi treize heure trente- quatorze heure trente. Mercredi quatorze heure- quinze heure et le vendredi quatorze heure-quinze heure. Foutue kinésithérapie. Je m'habille aussi rapidement que mon état me le permet et rejoins mon amis dans la cuisine afin de l'aider. Nous préparons une poëllée de légumes de saison accompagné d'un steack. Rien de bien compliqué mais il est vrai qu'à deux, les légumes sont plus vite épluchés, lavés et coupés.

Nous mangeons en silence, quelques paroles échangées mais sans grand intérêts puis nous partons vers treize heure. Et enfin, la même routine se met en place. Accueillit par une infirmière puis par la kinésithérape qui, il fautêtre honnête est plutôt joli en plus d'être gentille, pendant une heure alterne entre exercices, massages et mouvements. Celle-ci est confiante, souriante, et m'annonce que j'ai fais des progrets. Moi, je trouve ça terriblement frustrant. Je n'ai pas l'impression d'avancer. Mais si le médecin le dit, je préfère la croire et me dire que je suis en bonne voie.

Retour à la voiture.

« Merci de m'accompagner à chaque fois, mon ami » dis-je en souriant à Declan qui m'aide gentiment à m'installer dans la voiture. Il me sourit à son tour, je crois. J'aimerai que l'ambiance s'arrange un peu, mais je n'ai ne sais pas trop comment m'y prendre à dire vrai. « Aussi, je suis désolé d'être une si grande tête de mule et d'être sans cesse d'humeur massacrante. J'essaierai de faire des efforts. Pour nôtre amitié ».

J'étais sincère et lui souris une fois encore.

« Et si on allait boire un café ? Ou un verre ? Ça fait bien longtemps que nous ne sommes pas sorti et ça pourra nous faire que du bien. Allez, pitié ! Dis oui !»  lui dis-je feintant une petite voix d'enfant capricieux.Et finalement, le fou rire me prend et je n'arrête pas de rire. Pendant de longues, très longues minutes. Ca fait terriblement du bien. Ce fou rire est libérateur.

« Oh mon dieu, ça faisait si longtemps que nous n'avions pas ri ! »





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Declan C. Flanders
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MessageSujet: Re: 183 jours ensemble 183 jours ensemble I_icon_minitimeDim 8 Jan 2017 - 23:36




183 jours ensemble !
Zaccheo Jóhannsson et Declan C. Flanders





L’attente. Declan attend, presque chaque jour et chaque fois, Declan s’installe sur la même chaise, contre le même mur qui accueille sa tête fatiguée. Il ferme les yeux, laissant une infirmière entrainée Zaccheo. Elle est jolie. Très jolie. Declan se demande ce que son ami attend pour lui glisser quelques mots doux. Elle est soigneuse, gentille et affectueuse avec lui. Il aurait toutes ces chances mais il ne les voit pas. Malheureusement.
Declan attend, sans vraiment rien faire. Il se repose. Il faut vraiment qu’il change ce foutu canapé qui lui martèle le dos. Même les chaises de la salle d’attente sont plus confortables. Il est épuisé en ce moment. Epuisé au point de ne savoir quoi dire pendant les repas. Ils sont silencieux, terriblement et insupportablement silencieux. Zaccheo non plus ne sait pas quoi dire. Ils pensent l’un avec l’autre, l’un sans l’autre. C’est un peu une cohabitation sans l’être. Ils vivent comme un couple sur le point de divorcer, vieux couple malade.


Zaccheo revient, en compagnie de la même infirmière. Elle lui parle gentiment, essayant à tout prix d’attirer une attention qu’il ne lui accorde qu’à peine. Declan sourit, un peu gêné mais glissant un clin d’œil à la jeune femme. Elle semble savoir que c’est dur pour l’homme handicapé, plus dur qu’on ne le dit habituellement.
Retour à la voiture dans le même silence, presque de morts. Il l’aide à s’installer dans la voiture, veillant à ce que sa tête ne claque pas sur le haut de la voiture, ou ses pieds sur le bas. Declan a tendance à accidentellement claquer Zaccheo contre la voiture, surtout quand il est en colère. Et en colère, mêlé à la fatigue, il a manqué plus d’une fois. Un fou rire impossible à contenir, qui le prenait du fond des tripes. Il s’est excusé des centaines de fois, des milliers de fois, mais Zaccheo a eut un peu de mal à lui pardonner. Compréhensible en même temps. Zaccheo est une tête de mule et Declan pas toujours habile avec les mots, les situations peuvent donc devenir étrangement complexes.


Mais cette fois, Zaccheo propose quelque chose, de sortir. De boire un café, un verre, de sortir. Declan est déjà en chemin alors. Vers la boutique. Zaccheo le supplie presque, il insiste d’une voix d’enfant à laquelle Declan ne pourra résister. Sa moue boudeuse ne fait que le convaincre un peu plus. Au fond de lui, sans qu’il le montre, sans qu’il ne puisse s’empêcher de jouer un peu avec son ami, alors qu’ils arrivent quasiment à la boutique, sur le parking devant.
Declan éclate de rire avec son ami. Cela faisait longtemps et le visage de son ami, tiré dans une moue boudeuse est presque irrésistible. Ils mettent quelques secondes à se calmer, leur fou rire reprenant à chaque regard qu’ils se lancent. Declan est le premier à reprendre son calme, son cerveau fonctionne étrangement rapidement.

« Le médecin a dit « pas d’alcool avec les médicaments »… »

Declan insiste, faussement mais il peut être très convaincant. Le mensonge est un peu une âme sœur qui le tient tendrement. Puis jouer avec Zaccheo l’amuse un peu, surtout quand son ami fait une drôle de tête. Declan lui sourit, de ce sourire difficile à retenir qui pourrait aussi passer pour l’un de ceux qu’il ferait, distraitement, dans un moment de gêne.


Le cours normal des choses reprend et Declan sort Zaccheo de la voiture pour le remettre sur son fauteuil sorti au préalable. Il ne se rend même plus compte de ce qu’il fait, dans quel ordre il le fait, c’est devenu une habitude. Zaccheo semble râler, mécontent que son ami lui refuse un verre ou deux. Beaucoup de verre.
Declan éclate de nouveau de rire devant cette tête de mule, ébouriffant la touffe de cheveux qui commence à repousser sur son crâne, masquant les cicatrices. Il rit, distraitement, discrètement, en poussant Zaccheo vers la boutique.

« Ne fais pas cette tête, Beau. Tu m’as déjà vu écouter un médecin ? »

Il plaisante évidemment, il suit toutes les règles qu’on lui donne mais pour cette nuit, au moins une, c’est vers la ruelle voisine qu’il se dirige, vers le charmant Irish pub un peu plus bas. Dieu, il a besoin d’un verre. De plusieurs verres.


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Zaccheo Jóhannsson
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MessageSujet: Re: 183 jours ensemble 183 jours ensemble I_icon_minitimeLun 9 Jan 2017 - 23:45









183 jours ensemble.

Declan φ Zaccheo

Comment passer du rire au larme ? Proposer de boire un verre à son meilleur ami qui, dix secondes plus tard s'amuse très gentiment à vous faire redescendre sur terre en vous rappelant votre condition. Merde, je ne voulais y penser. Juste une soirée, je voulais oublier mes jambes et ce fuotu accident qui m'a mis dans ce foutu fauteuil et qui a bousillé ma foutue vie de petit prof. Je regarde mon ami, mi-blasé, mi-colérique. Je sais que je me comporte comme un gamin, mais j'en ai tellement marre de ma situation. De notre situation.

« Mais, Dec- ». Trop tard ! Declan est déjà sorti de la voiture. J'ouvre alors la portière au moment ou le fleuriste attrape le fauteuil dans le coffre. Il me faut quelques minutes pour sortir du véhicule et m'installer dans celui-ci grognant alors que Declan ébouriffe mais cheveux en me poussant vers l'entrée de la boutique. Le rire de mon fleuriste d'ami se fit entendre et je me renfrogne un peu plus.

« Bon dieu, pourquoi est-ce que - ». Une fois encore, je n'ai pas le temps de finir ma phrase. Le fait-il exprès !? C'est si agaçant. Un peu plus, je vais finir par croire qu'il s'en amuse et que son nouveau jeu est de me mettre sur les nerfs. Finalement, mon ami m'annonce qu'il n'avait pas l'intention d'écouter le médecin. J'étais soulagé quand Declan nous entraîna dans la petite ruelle d'à côté. Je sais où nous allions. Ce petit Irish pub à la devanture blanche et verte.

« Heu.. Declan. Je.. je ne suis plus très sûr que ça soit une excellente idée. Enfin, tu avais sûrement raison. L'alcool et les médicaments. Vas-y toi, moi je vais rentrée. On se retrouve un peu plus tard » dis-je mettant le frein au fauteuil une fois arrivé à quelques mètres de la porte d'entrée. Declan s'arrête alors et me regarde avec son regard qui signifie 'Tu te moques de moi là, nan ?'. Je soupire. Le regard que me lance mon ami, bien qu'il ne soit pas méchant, me fait quand même dire que je ne dois pas chercher à faire mon capricieux alors, je retire me frein et nous entrons dans le pub. J'aime ces ambiances un peu vieillotte et folk à la fois. Nous nous installons dans un coin, loin des autres. Quoi de mieux que de mettre un tueur en série et un associable ensemble dans un coin ? La serveuse vient rapidement nous demander ce que nous souhaitons. Deux whisky pure malt qui ne tardent pas à arriver. Puis ils s’enchaînent.

Deux.

Trois.

Cinq.

« Mon dieu, ça faisait si longtemps ! » dis-je à l'attention de mon ami. Si longtemps qu'ils n'avaient pas passé une soirée tranquille sans cris ou sans râlement. Si longtemps .. « Oh mon ami, pardon d'être aussi méchant avec toi ces derniers temps. Tu fais tout pour m'aider et je te cris dessus, je râle et t'envois bouler.. Je suis un horrible ami. Un véritable poids... » me lamentais-je alors en avant un énième whisky alors que mon ami me regardait. La musique en fond et les brouhaha des gens autour de nous m'angoissait un peu autant que cela me faisait du bien de voir un peu de monde.

Nous sommes restés de longues heures à boire et à discuter. A rire aussi. Beaucoup rire. Je crois que c'était plus à cause de l'alcool que parce que ne nous disions des choses réellement drôle. Quelques verres de plus et nous ne voyons plus très clairs. Nos propos sont-ils réellement cohérente ? Peut-être ? Peut-être pas ? Aucune idée, mais lorsque nous rentrons, Declan titube légèrement et moi, je ne fais que rire.

« Oh bon dieu, mon ami, ça fait plaisir d'avoir passé une telle soirée malgré le mal de tête que nous aurons demain! Merci mon ami, pour ce soir et tous ses nombreux jours. Vraiment ! » dis-je sincère alors que nous sommes arrivé devant la boutique et que mon fleuriste de meilleur ami tente de trouver ses clés fouillant dans la poche de ses poches de pantalon et de sa veste. Dix minutes plus tard, il finira par les trouver et ouvrir la porte. Une demie heure plus tard, lui est couché dans le canapé. Moi dans le lit.

Dormir. Encore une journée de passée.

Plus que cent-cinquante-deux jours.





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Declan C. Flanders
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MessageSujet: Re: 183 jours ensemble 183 jours ensemble I_icon_minitimeMer 11 Jan 2017 - 23:03




183 jours ensemble !
Zaccheo Jóhannsson et Declan C. Flanders





Il râle, il râle, il râle. Zaccheo râle et Declan rigole. Il adore l’embêter, même un petit peu juste. Mais il suffit de quelques pas ou quelques roulements avant que Zaccheo change d’avis, presque ramené à la raison. Ce n’est pas sérieux. Declan soupire. Ils sont presque arrivés mais Zaccheo hésite et met le frein de son fauteuil, manquant de faire tomber Declan sur lui.
Ses yeux prennent une teinte rageuse et son sourire se transforme en une moue sur le visage. Une moue sévère et impartiale. Est ce qu’il plaisante ? Declan l’espère. En tout cas, il ne lui laisse pas le choix. Zaccheo a fait cette proposition pour une raison, pas par simple ennui. Et il semble le comprendre.

« Hors de question que tu fuis, Zaccheo Jóhannsson. Je me fous de ce que les médecins ont dis. Allons boire ! »

Le frein est retiré et Declan pousse son ami dans le bar. Quelques regards se posent sur eux et celui de Declan menace de les assassiner. Les gens ne savent pas se contenir. Il leur apprend. Qui oserait le défier de toute manière ? Qui oserait s’en prendre au petit fleuriste ?

Les verres s’enchainent et les bouteilles descendent. La serveuse revient une bonne dizaine de fois et Declan rit de bon cœur. Cela fait si longtemps, comme Zaccheo le dit, avant d’enchainer avec des excuses et cette fois, le regard assassin de Declan se porte sur lui, sur ces paroles qui semblent trop difficilement dites, comme s’il avait honte de lui, d’être ce poids qu’il prétend être. Un soupir échappe au fleuriste, un peu jouer, surtout pour le taquiner. Cela fait longtemps qu’il ne le fait plus, de peur, trop souvent, d’heurter la sensibilité de son ami.

« Oh ne t’inquiète pas, Beau. Si je trouvais ta méchanceté si horrible, poids ou pas, j’ai toujours une fenêtre pour te jeter dehors ! »

Il plaisante, air rieur et critique acerbe enjôlées par l’alcool. Elles semblent drôles, il ne sait pas vraiment comment mais ils rient comme deux idiots. Musique en fond et joyeux brouhaha participent à cette joie. Quelques verres en plus, quelques dizaines de verres et quelques centaines de rire. Dieu que c’est bon de se plier en deux en explosant de rire.


Les esprits embrumés prennent le chemin du retour, contournent quelques obstacles sur le chemin. Zaccheo remercie encore une fois pour la soirée. Il est amusant ainsi et Declan ne peut répondre que d’un grognement alors qu’il cherche ses clés, assez désespérément. Son crâne commencer à taper, n’annonçant rien de bon pour la journée suivante. Enfin bref. Il remet cette préoccupation à demain, autant que le rangement du bordel de l’appartement ou la vaisselle qui attend toujours. Nous verrons ça demain. Puisque finalement, dix minutes plus tard, ils sont couchés dans leurs lits respectifs et ils s’endorment aussi rapidement qu’il est possible de le faire.


La matin est une autre histoire. Declan se réveille en premier, comme chaque matin. Mias rien n’est identique. Un mal de crâne pointe douloureusement le bout de son nez, accompagnée d’une jolie nausée. Si elle était humaine, son sourire sardonique lui aurait indiqué depuis la veille qu’il aurait aussi mal. Il se lève difficilement, écoutant attentivement. Tout est calme. Zaccheo ronfle doucement dans la pièce voisine dont la porte n’est pas fermée. Declan sourit à cette idée. Zaccheo dort mieux depuis quelques jours il lui semble. Enfin ce matin, il ne peut rien dire, l’alcool doit agir sur lui autant que sur le fleuriste.
Le fleuriste qui se lève en titubant pour rejoindre la salle de bain. Il saut presque dans la baignoire qui sert aussi de douche. Il se serait jeté dedans si l’eau avait été chaude. Mais ce n’est pas le cas, alors il reste une dizaine de minutes sous l’eau, tout en se lavant et constatant. Malgré le matin, il en revient à quelques préoccupations. Il a maigri très légèrement, ses mains tremblent et son corps est froid.

Il secoue la tête. Il se sent déprimé, faible, un peu… cassé par la soirée de la veille. Il doit simplement prendre ses médicaments, ne pas se laisser distraire. Et c’est ce qu’il fait. Il se retrouve presque immédiatement dans la cuisine, le café coulant doucement, quelques œufs chauffant dans une poêle entre deux bouts de brioche. Un verre de jus d’orange, un thé bouillant dans une autre casserole, quelques fleurs de bergamote, un peu de jasmin et de thé pour les lendemains de beuveries. Il prépare le petit déjeuner et comme chaque matin ou presque, avale les quelques pilules qui lui servent à réguler son système nerveux. Quelques minutes plus tard, Zaccheo rentre dans la pièce, pas en meilleur état que lui. Declan est embrumé par l’odeur de la nourriture, dormant à moitié.

« Bonjour Beau ! Bien dormi ? Pas trop mal au crâne ? Tiens bois ça. Je te sers à déjeuner dans quelques minutes. »


Declan bouge un peu partout dans la cuisine. Il donne à Zaccheo le thé en premier, pour faire passer les premiers maux de la journée, puis il lui sert à manger, un café puis un jus d’orange. Il reste encore quelques minutes debout puis range tout ce qui a servit avant de s’installer devant Zaccheo, la même assiette devant lui.

« Je dois aller chez un horticulteur cet après midi pour régler une ou deux factures. Tu veux venir ? » Habituellement, il ne propose pas. C’est assez ennuyant mais cette fois, il aimerait lui montrer autre chose. « J’aimerais t’emmener dans un endroit qui me tient à cœur. »

Declan lui sourit légèrement, lui montrant toute l’affection qu’il peut. Zaccheo semble plutôt motivé à venir et Declan prend une bouteille de rhum qui traine dans le fond des placards. Ils en auront besoin. Enfin besoin. Tout reste relatif. Ce n’est pas un besoin, juste une envie qu’il ressent. Il envoie donc Zaccheo se préparer et fait de même de son coté, mettant dans son sac tout le nécessaire, quelques pilules pour la journée, celles qu’il prend habituellement, les chèques pour l’horticulteur, la bouteille et deux verres en plastique.


« Allons-y ! » rit joyeusement Declan, embarquant Zaccheo de nouveau vers la voiture.


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Zaccheo Jóhannsson
Zaccheo Jóhannsson

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MessageSujet: Re: 183 jours ensemble 183 jours ensemble I_icon_minitimeJeu 12 Jan 2017 - 12:13









183 jours ensemble.

Declan φ Zaccheo

Je me rappelle la fois où j'ai connu ma première cuite. J'avais quinze ans, je crois et je faisais partie d'une petite bande de copain. Toujours ensemble, inséparable. Nous étions huit. Il y avait Aden, le comique du groupe, les jumeaux Black et Casey, les sportifs du groupes, Milo, le grosse tête, celui qui sait tout. Les deux frères Jakobe et Jaredd dont l'aîné était Jakobe. Et enfin, mon meilleur ami de l'époque Sullivan et moi Zaccheo. Ce soir là, nous fêtions l'anniversaire des jumeaux. Leurs seize ans. Nous étions chez eux, l'alcool coulait à flots et la musique était forte, terriblement fort. Et nous avons bu, beaucoup bu et fumé aussi. Le lendemain quand nous nous sommes réveillés, tour à tour, nous avions tous une gueule de bois mémorable. Le genre de cuite où le pivert dans la tête est tellement présent que le moindre bruit résonne puissance mille. J'ai été terriblement malade les deux jours suivant, ce qui a beaucoup amusé mes parents qui ne cessaient de me répéter « Bienvenue dans le monde des grands mon chéri ! ».

Ce matin quand je me suis réveillé, c'était un retour en arrière de quinze longues année. J'étais dans le même état. Aussi malade. J'ai eu du mal à ouvrir les yeux et les quelques secondes après mon réveil, j'avais l'impression que le plafon tournait au dessus de moi. Immédiatement, j'ai refermé mes paupière. « Inspire, expire petit Zacch, ça va passer. Inspire, expire » me disait ma mère à l'époque en me frottant le dos. Alors aujourd’hui je m'exécute. J'inspire et expire plusieurs fois. Lentement. Une fois, puis deux, puis trois. J'ouvre les paupières une seconde fois et la sensation de malaise semble s'être calmée, légèrement. Très légèrement. Le plafond tourne un peu moins et quand je m’assois sur le bord du lit, le sol semble vaciller, mais pas autant que je ne le pensais, mais un peu trop pour que je sois vraiment à l'aise. J'ai mis environ un un quart d'heure pour sortir du lit et me hisser dans le fauteuil. Bon dieu, ma tête me fait souffrir et mon estomac se fait rappeler.

Bordel, pourquoi a-t-on bu autant ?

Je pousse avec grand mal mon fauteuil jusqu'à la pièce à vivre d'où s'échappe une odeur alléchante et des bruits d'ustensiles. Mon meilleur ami de fleuriste est donc debout. Mais pas depuis bien longtemps si j'en juge à sa tête d'homme à moitié endormis. Il me parle. Que me demande-t-il ? Ai-je bien dormis ? Oui, merci. Pas trop mal au crâne ? Si énormément, d'ailleurs si tu pouvais baisser le volume sonore ...Il dépose devant moi une tasse d'un breuvage que je n'arrive pas à identifier. Pas même les odeurs. Un mélange de fleurs. Je sirote doucement le liquide bouillant et étonnement, c'est plutôt bon. Quelques secondes plus tard, il pose une assiette devant moi, des morceaux de brioches et des œufs. Bon dieu, c'est presque aussi bien que les pancakes. Un verre de jus d'orange mets également servit avant que mon fleuriste d'ami nettoie les ustensiles avec lesquels il a cuisiné et enfin s’assoit face à moi.

Nous déjeunons tranquillement, toujours à moitié dans les bras de Morphée, personne ne parlant pendant de longues minutes. Seul le bruit des fourchettes et des couteaux contre les assiettes viennent briser ce calme. Enfin, jusqu'à ce que Declan m'annonce qu'il doit aller rendre visite à un horticulteur. Alors que je m'attendais à ce qu'il me sorte le blabla habituel du genre « je n'en aurais pas pour longtemps », « ne tente rien de stupide » et autres joyeuseries, mon ami me propose de venir avec lui. Que veut-il me montrer ? La curiosité vient titiller mon esprit alors que je tente de me redresser un peu dans mon fauteuil avant de regarder mon ami et de lui sourire. Je suis plutôt de bonne humeur ce matin. Lui aussi, il me semble bien que la fatigue se peigne sur son visage et des cernes noirâtres viennent souligner ses si beaux yeux bleus.

« Oui, avec plaisir. Ça me fera du bien de sortir un peu en pleine journée autre que pour faire un aller-retour à l'hôpital. Je te suis camarade » lui dis-je amusé « Et je t'avoue que je suis plutôt curieux. Que peux-tu encore bien me cacher, Prince ? ». Il ne fera pas d'humour sur une possible cachette qui contiendrait des choses compromettantes sur le fleuriste. Il est clair que celui-ci est bien trop intelligent pour être réduit à une tueur en série de bas étages que l'on trouve dans certaines séries américaines à petits budgets.

Un sourire pour un sourire.

Haussant un sourcil en voyant Declan prendre une bouteille de rhum pour la fourrer dans son sac, je ne relève pas mes mon sourire en dit long. N'avons nous pas assez mal à la tête à son goût ? Cette pensée me fait rire alors que poussant mon fauteuil, je me dirige vers la chambre que j'occupe depuis plus d'un mois pour aller me préparer. Je m'y habille et prend mes papiers avant de rejoindre Declan dans le salon, veste sur les genoux.

« 'Suis prêt Prince, on y va quand tu veux » lui dis-je souriant, la fatigue semblant avoir quitter mon corps. Agréable journée en perspective. Enfin, ça aurait dû l'être. Nous roulions depuis un peu plus d'une heure en discutant joyeusement comme c'était arrivé rarement depuis mon accident. Mais le moment était agréable. J'étais heureux de retrouver mon meilleur ami, tout comme lui semblait l'être. Mais est-ce vraiment le cas ? Un péage. Le péage où tout à basculé. Je crois. Ça sonne un peu dramatique, parfait pour un film à suspense digne des plus grandes productions Hollywoodienne. Comme il me l'a demandé, j'ai attrapé son sac pour y chercher son portefeuille où le miens que j'avais fourré dedans. Au premier que je trouverai.

Ce fut le sien.

Son portefeuille mais aussi ses pilules.

Des antidépresseurs.

« Declan... » ma voix devenue neutre, je fixe le flacon de pilule entre mes mains. Je ne le connais que trop bien. « Qu'est-ce que tu fous avec ça ? Et depuis quand tu en prends ? ». Voix calme et mains qui tremblent, j'attends silencieusement une réponse de mon ami alors qu'au loin, nous pouvons voir le point de péage approcher.




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Declan C. Flanders
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MessageSujet: Re: 183 jours ensemble 183 jours ensemble I_icon_minitimeLun 16 Jan 2017 - 20:39




183 jours ensemble !
Zaccheo Jóhannsson et Declan C. Flanders





Declan avait toujours aimé la conduite. Il aimait les paysages qui défilaient autour de lui. Déjà enfant, il regardait par la fenêtre, les yeux arrondis, élargie par la vision des paysages défilants sous ses yeux. Son premier véhicule avait été une moto. Il regrettait de ne plus avoir, à ce jour, de garage ou de lieu où la laisser.
Mais il soupire presque d’aise en s’asseyant derrière le volant de sa vieille bagnole chambrelan. Il adore le bruit vieillot du moteur. C’est presque apaisant, comme un doux rappelle des premières années où il travaillait. C’est un bruit apaisant qui se mêle agréablement à la conversation de Zaccheo. Celle de Zaccheo en particulier. Declan essaye de maintenir la conversation mais il se concentre maladroitement sur la route. Elle est un peu difficile par ici. Et il passe le premier péage, demandant à Zaccheo un portefeuille, une carte bancaire, au premier qu’il trouvera.
C’est finalement le sien et, le plus naturellement du monde, glisse la carte dans l’encoche du pare-soleil au dessus de son crâne. Rien ne le surprend finalement, si ce n’est un petit silence puis la voix de Zaccheo qui s’élève. Il s’attendrait presque à ce qu’il demande encore une fois ce qu’il a encore à cacher. Il lui a demandé avant de partir, encore une fois au cours de leurs conversations, peut être deux. Il en a rit. Plusieurs fois.

Mais Zaccheo lui demande autre chose, un flacon orange entre les mains. Declan ne lui jette qu’un regard, à peine. Il croit percevoir dans son regard quelques reproches, quelques non-dits. Et il le questionne, encore une fois, comme il s’y attendait, peut être plus doucement, sans énervement, sans crise et sans hurlement. Une première, malgré ses mains qui tremblent. Declan lui lance un regard inquiet. Cette situation ne devrait — pourrait ne — pas durer.

« Ton accident m’a peut être fait comprendre que cette situation avait assez duré. » lui dis calmement Declan, alors qu’ils arrivent au péage, juste derrière une grosse berline noire. « Ne t’inquiète pas, Beau. Tout va bien. Je vais bien. »


Ll sourit, sans tristesse, sans aucune animosité. Il continue à conduire, dans le calme le plus complet. Il craint les réactions de Zaccheo, celle qui pourrait le blesser dans son orgueil démesurer. Il se sent blessé, un peu frustré. Cent quarante et un jour, c’est tout ce qu’ils avaient à tenir. Encore tenir quelques semaines. Ce n’était rien.
Il jette un nouveau regard à son compagnon de route. Il semble aussi frustré que lui, en colère peut-être, un peu pâle. Un soupir. Declan ne se sent plus aussi « compatissant » qu’il l’était. Un nouvel effet des médicaments peut être, de l’ablation de tout sentiment de malaise. Il n’en parvient même plus à sentir ce que son meilleur ami pense. Drôle de sentiment anesthésique. Declan secoue la tête. Le hurlement d’un klaxonne le surprend. Il est fatigué aussi, la gueule de bois qu’il subit n’arrange rien. Un geste de main, il oublie la voiture derrière lui, celle au klaxonne. Il n’y aura pas d’accident.


Finalement, Declan s’engage dans une petite route en terre. Il aime aussi sa vieille carcasse de bagnole pour cela. Il n’écoute plus tellement Zaccheo, encore moins devant la maison et les serres. Il se sent bien ici. Parfaitement bien. Un vieil homme sort de la maison encore plus vieille que lui. Richard est le premier à avoir donner sa confiance au petit fleuriste qui venait de s’installer. Il fait partie de ses vieux gens qui ont envie de voir les petits lieux perdurer et il se perd parfois, entre les rangées de fleurs de la boutique.
La porte claque et Declan sort de la voiture sans vraiment écouter ce que dit Zaccheo. ou peut être ne parle-t-il pas. Declan n’entend que le claquement de la portière. Il se dirige rapidement vers le vieil homme, une étreinte. Leur entretien est bref, comme à chaque fois. Ils n’ont pas vraiment de mots l’un pour l’autre. Le fleuriste lui donne juste son dû. Puis il retourne vers Zaccheo et la voiture, prêt plus que jamais qui sait, aussi à écouter son ami sur la deuxième partie du trajet ! En fait, il est plutôt heureux et c'est avec un immense sourire qu'il rejoint sa voiture, sans vraiment comprendre pourquoi !

« Pardon, je ne t'écoutais plus vraiment…»



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MessageSujet: Re: 183 jours ensemble 183 jours ensemble I_icon_minitimeLun 23 Jan 2017 - 16:00









183 jours ensemble.

Declan φ Zaccheo

Simplement un “Je vais bien” et un “ne t’en fais pas”. Je secoue la tête, serrant fortement les dents. Que puis-je bien dire ? En réalité, des tas de choses me passent par la tête, mais quelque part au fond de moi, je sais pertinemment que si mon meilleur ami de fleuriste en est arrivé là, je n’en suis pas pour rien. Bien au contraire, j’en suis l’entier responsable. Blesser ceux que j’aime n'est-il pas, après tout, commun dans toutes les périodes de ma vie ? Ma mère biologique est morte en me donnant la vie. Et de un. J’ai blessé mon père quand ma mère, Madison, est entrée dans nos vie. Et de deux. Quand elle est tombé enceinte de ma sœur aussi. Et de trois. Ma femme est décédée alors que je lui avais demandé de me rejoindre ce foutu soir. Et de quatre. Pour finir, mon meilleur ami. Bien sûr, il m’a également blessé et il n’est pas pour rien dans notre situation mais, actuellement, je suis le déclencheur de sa prise de médicament. Et de cinq.

Tremblant de partout, je m’efforce de me concentrer sur cette foutue route. Destination inconnue. Om m’emmène-t-il ? Dans un endroit glauque dans le but de se débarrasser du fardeau que je suis devenu ? Il en serait bien capable oui, mais il semble bien trop heureux de m'emmener. Le serait-il s’il prévoyait de me tuer ? Cette incertitude que je ressens envers mon meilleur ami me rend dingue, terriblement dingue. Je ne peux également m’empêcher de penser que si je n’avais pas franchis la porte de sa boutique il y a de ça une année ou deux nous n’en serions pas là aujourd’hui. Peut-être que Declan serait enfermé quelques part. Prison ou asile psychiatrique. Peut-être que j’aurais eu un accident pour une autre raison et que je n’aurais pas survécu. Ou peut-être que … Trop de question se bousculent dans ma tête alors que je jette ce putain de flacon dans le sac de Declan. Je choisis également de ne plus rien dire le reste du voyage. Envenimer la situation n’est pas la meilleur idée d’autant plus que j’ignore ce que ça peut donner un Declan sous antidépresseurs.

Les minutes s’allongent, filent dans le vent et dans le temps. Nous ne parlons plus, le silence s'installe. Silence partagé entre reproches et non dits. Inquiétude aussi. Une discussion s’imposera à un moment ou à un autre. Je le sais et je sais que le fleuriste en ai conscient. Mais pas maintenant. Au loin, alors que nous empruntons une petite route de terre, un peu défoncée, je vois une maison se dessiner. Putain, rien d’autre aux alentours que cette maison. J’avale tant bien que mal la boule d'appréhension qui vient de se former malgré moi dans ma gorge. Declan descend alors que moi, je ne bouge pas d’un pouce, pas même pour défaire ma ceinture de sécurité. Je ne peux pas empêcher un soupire de soulagement lorsque je vois un homme sortir de la vieille maison bien qu’en soit, rien ne m’indique qu’il ne s’agit pas d’un psychopathe. Mais je préfère penser que mon meilleur ami l’est toujours et qu’il n’a nullement envie de me tuer et m’abandonner à un vieux cannibale habitant à une bonne quinzaine de kilomètre de la ville.

Une étreinte rapide, une enveloppe remise et Declan remonte en voiture s’excusant de ne pas m’avoir écouté. Je hausse un sourcil en le regardant. En effet, il n’était plus avec moi depuis un bon moment vus que ça fait une bonne demie heure que je n’ai pas décroché un putain de mot. Je soupire. Soupire entre le désespoir et l’agacement. Plus que cent quarante et un jour à tenir. Et si nous tenons, la question qui reste toujours la même depuis ces quelques semaines. Notre amitié, elle, résistera-t-elle à cette épreuve. Plus le temps passe et plus j’en doute fortement. Se pourrait-il qu’elle soit déjà complètement foutue et que seule le remord et le devoir l’un envers l’autre nous tienne encore ?

“Où allons-nous maintenant ?” demandais-je alors pour essayer de renouer un peu le contact. J’ai le mince espoir qu’il ne soit pas trop tard pour nous. Mais l’espoir tue. Il fait mal, détruit, nous consume. Il nous bouffe jusque au bout. Jusqu’à ce que cette petite étincelle s’éteigne et que nous tombons. Cela nous arrivera-t-il ? En arriverons nous là ? Nous détruire mutuellement puis crever comme des chiens.





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MessageSujet: Re: 183 jours ensemble 183 jours ensemble I_icon_minitimeSam 28 Jan 2017 - 15:45




183 jours ensemble !
Zaccheo Jóhannsson et Declan C. Flanders





Zaccheo semble nerveux et Declan se rit un peu de la situation, distraitement, discrètement. Son meilleur ami a tendance à laisser échapper cette subtile nuance de peur, mêlée à un peu de colère sans qu’il s’en rende compte. C’est amusant à regarder, amusant surtout de le voir se démener contre cette sensation. Sa question fend l’air, comme s’il avait peur de la poser. Le fleuriste attend un peu. Un dernier geste de main en quittant la propriété de son vieil ami.

« Respire Beau ! » s’enjoue-t-il en jetant des coups d’œil à son ami. « Aussi agaçant que tu puisse être parfois, je ne t’emmène pas dans une clairière pour t’assassiner. Il n’y a que dans les films où ce genre de meurtre marche bien. »

Il rit, un peu beaucoup. Le Zaccheo inquiet est risible, un peu exécrable quand il se met à répondre mais ce n’est pas une raison pour lui dire où ils vont après tout. Puis ce n’est pas si loin, à peine quelques kilomètres de voiture plus loin. En plein milieu d’une forêt, de quoi effrayer un peu le Zaccheo.

« Arrête de te ronger les sangs, je te jure que je ne vais ni te tuer, ni t’abandonner en pleins milieux de la forêt ! Regarde on arrive. »

Il a l’impression de rassurer un enfant, quoi que l’arrivée doit être tout aussi inquiétante. Entre les arbres, il faut prendre une petite allée, un peu lugubre. Le ciel ne passe pas entre les branches et les feuilles, les pins noircissent la vue. Un hibou vient accentuer ce paysage sombre d’un hululement sinistre. Declan sourit à pleines dents. Il n’est pas qu’un peu fier.

« Sérieusement Zacch, déstresse ! Tu connais mes pires facettes. Déstresse ! »

Un sourire vole sur ses lèvres, il reste un peu sceptique cependant. Soit Zaccheo en rira, soit il lui en voudra à mort. Il préférerait la première hypothèse. Mais il n’est jamais sûr de rien. Son meilleur ami est aussi imprévisible que lui.


Finalement, ils arrivent et Declan gare sa vieille voiture dans un coin du parking. Sourire aux lèvres, un peu rassuré, surtout dans son élément. Il respire la joie, ou presque. Il y a surtout au fond de lui, cette petite lueur qui marque la vie, cette petite lueur qui lui déclare qu’il est toujours en vie, qu’il peut tout faire, tout voir, que rien ne peut réellement l’arrêter.
Sans savoir vraiment comment, vraiment pourquoi, il se retrouve sur une moto, tournant les poignés pour entendre le bruit du moteur. Il adore cette sensation, ce vrombissement, l’idée qu’il pourrait aller loin. Il a laissé Zaccheo aux soins de Lola, une amie en quelque sorte. Il se demande à quel moment il se décidera enfin à la draguer ou au moins, à répondre à ses avances. Si Declan avait rencontré Lola à un autre moment de sa vie, peut être qu’ils auraient pu en profiter. Mais ce n’était pas le cas et Declan est presque heureux de laisser cette opportunité à son meilleur ami.
Lola équipe le blondinet et Declan fait de même. Pantalon, chaussures hautes, veste. Rien ne manque et Declan a profité de quelques longues grâce-matinées de Zaccheo pour passer chez lui et récupérer ses affaires. Lola leur donne le chemin, Declan le connaît à peu près.


Il n’aura pas fallut longtemps. Lola l’avait pourtant prévenu mais c’est la dureté du béton qui réveille l’esprit de Declan. Il avait peut-être souhaité oublier. Les routes de forêt sont un peu sa deuxième maison. Les années précédentes ne lui ont pas laissé beaucoup de possibilité de s’échapper. La moto, profiter quelques fois, la confiance que Lola lui accordait, étaient un peu les seules choses qui lui permettaient de s’enfuir. Etre un peu libre, un peu incontrôlable, surtout hors de porté, dans une normalité exquise. C’était tout ce qu’il demandait et ce qu’il obtenait. Il prenait cette même route, souvent un peu trop vite. Combien de fois a-t-il manqué de tomber ?
Mais cette fois n’a pas raté.
Et il se retrouve là, en quelques secondes, un peu trop vite. Il prend le virage un peu vite, la moto se couche légèrement sur le coté. Il sent le sol se dérober sous lui. Un mauvais mouvement, une mauvaise réaction. Sa main glisse de la poigné et il se courbe en avant. Son corps suit sa tête sous le casque. Il bascule et son corps s’écrase sur le sol. Un joli vol plané. Violent à priori. Il ne s’en rend pas vraiment compte. Il reste quelques secondes au sol, sur le dos, la visière du casque toujours baissé.

Le ciel a-t-il toujours été aussi bleu ?


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MessageSujet: Re: 183 jours ensemble 183 jours ensemble I_icon_minitimeDim 12 Nov 2017 - 14:48









183 jours ensemble.

Declan φ Zaccheo

Des rires. Discrets parfois, plus francs d'autres fois. Declan rit et malgré mon stresse plus que visible, je souris. Pas que je sois réellement heureux, seulement, j'apprécie ce son qui malgré moi m'avait terriblement manqué pendant ces longs jours parfois si sombres. Bien sûr, la vieille nous avons ri, mais c'était l'alcool. Ce n'était pas le vrai rire, celui qui vient comme ça. Celui que j'aime tant entendre chez mon fleuriste de meilleur ami. Celui qui donne les crampe au ventre et les fait monter les larmes aux yeux. Pendant les quelques minutes de silence qui suivent les dernières paroles de Declan, je me plonge dans le paysage. J'admire. Le soleil ne parvient pas à percer les épais branchages des arbres s'élevant haut dans le ciel. L'atmosphère est lourde, oppressante et le hululement d'un hibou ne vient rien arranger. Mon dieu, mais où allons nous encore. Declan a beau me répéter de me détendre et qu'il ne compte n'a pas l'intention ni de me tuer, ni de m'abandonner mais, quelque part, une petite voix me souffle de rester sur mes gardes. C'est stupide et je le sais. Declan est mon meilleur ami, volontairement, il ne m'a jamais fait de mal.

Enfin je crois.

Finalement, nous nous arrêtons sur un parking. Enfin le ciel est perceptible. Je respire mieux tout à coup. Quelques secondes de plus et je suis assis sur le fauteuil, en dehors de la voiture, et Declan, poussant doucement mon fauteuil nous dirige vers une jeune femme souriante. J'apprends qu'elle se prénomme Lola. C'est une jeune femme vraiment jolie aux grands yeux verts et aux lèvres bien dessinées. Un sourire charmeur venant étirer ses lèvres alors qu’elle pose son regard sur mon ami puis sur moi. Elle nous salue et si, en retour, Declan la salue comme il se doit, pour ma part, je ne me contente que d’un simple hochement de tête. L’air maussade peint sur mon visage n’a cependant pas l’air de la décourager puisque celle-ci vient entamer la discussion alors que mon ami est en train de se vêtir d’habits que je connais bien. Je fixe mon ami monter sur sa moto n’offrant à mon interlocutrice qu’une oreille distraite. A cet instant, il a l’air si heureux. En paix avec lui même.

Enfin il part.

Les premiers mètres se font sans encombre, puis la vitesse augmente encore un peu plus et d’autres mètres s’écoulent. Mes lèvres s’étirent en un vrai sourire pendant quelques secondes. La liberté. Puis la réalité me frappe. Le fauteuil, encore. Mais je reste positif. Plus que quelques mois et de nombreux efforts. Je sais que ça ira. Lola crie à Declan de ralentir. Il va beaucoup, beaucoup trop vite bien qu’il semble connaître le chemin sur le bout des doigts. Bien sûr, il ne le fait pas. Tête de mule. Crétin. Non, à la place, il accélère un peu plus encore. Puis tout se passe au ralenti. Un nouveau cri de la part de la jeune femme. Un cri de terreur. Une crissement de pneu et un corps qui passe par dessus l’engin à deux roues. Un bruit de féraille tombant au sol, puis un bruit lourd. Un corps immobile au sol.

Declan.

Je ne réagis pas tout de suite. La rapidité de la scène y est sans doute pour beaucoup. Aucune question vient bousculer ma conscience. C’est à peine si je comprends. Et j’entends encore la jeune femme- Lola- hurler le prénom de mon fleuriste de meilleur ami. Son corps encore au sol et de là où je me trouve, je ne peux pas voir si tout va bien. S’il est toujours vivant ou bien s’il est encore en train de rire. Bien que la question qui, en cet instant, vient enfin de me traverser l’esprit est : le voulais-je vraiment ? Horrible pensée. Pourquoi voudrais-je le contraire ?

Juste retour des choses ? Sûrement. Je l’ignore et dans l’fond ça me fait peur. Suis-je devenu ce genre de personne, froide, sans coeur, rancunière à souhait à la limite de l’immoralité ? Suis-je devenu ce genre de monstre souhaitant que son ami le plus proche ait aussi mal que lui ? Cet accident m’aurait-il transformer à ce point ?

“Comment va-t-il ?" me contentai-je alors de demander d’une voix un peu trop morte à mon goût alors que Lola s’assure que Declan soit toujours parmi nous.

Monstre

Comment suis-je arrivé à Declan ? Voilà ce qui tourne dans ma tête alors que la réponse est plutôt évidente : Lola m’y a poussé y’a quelques minutes.

Monstre, encore une fois.





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MessageSujet: Re: 183 jours ensemble 183 jours ensemble I_icon_minitimeLun 1 Jan 2018 - 16:03




183 jours ensemble !
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La froideur du sol transperçait son dos et, dans un éclair de génie, Declan pensa aussi que cette froideur pouvait aussi être causée par sa chute. Le béton rêche sous ses doigts lui rappela cette chose qu’il avait oublié : pas encore mort.
L’ami qu’il avait toujours voulu avoir se tenait presque au dessus de lui, le visage inquiet. Pas encore mort. Il participait, tant bien mais surtout par le mal, à faire bouger les choses autour de lui, à les rendre plus vivantes, car pour une fois, Declan ne dialoguait plus avec la mort. La mort l’avait toujours mené ; il la tenait au creux de sa paume et jouait avec elle. Il la laissait filer. C’était à ce moment que sa victime finissait par tomber. Toujours et encore. Il n’en avait jamais laissé une partir vivante sans qu’elle connaisse quelques affres et pour le peu qui avait survécu à ses traitements, elles étaient encore et toujours sous son contrôle. Il n’en était toujours pas à les menacer chaque jour mais une pression de temps en temps ne leur faisait pas de mal et leur rappelait qu’elles n’étaient pas les seules à avoir un peu de contrôle sur leurs vies.


Le contrôle. Le contrôle était un tout dont il avait perdu le bout. Et la douleur dans son dos, dans ses cuisses et le bas d’une de ses jambes lui rappelait qu’il en avait besoin. Un besoin viscéral et nécessaire. Il avait abandonné un peu de lui dans ses nouvelles relations, et il avait laissé le contrôle s’enfuir quand il sympathisait avec ses voisins, essayaient d’avoir une vie normale. Cela aurait pu lui plaire. Cela aurait dû lui plaire. Mais ce n’était pas le cas.
Il aimait sa vie d’avant, celle de solitude et dans laquelle le meurtre avait une place toute particulière. Il ne pouvait cependant nier aimer aussi cette partie sociale de lui, celle qui lui permettait de sympathiser avec n’importe qui, sans que cela soit aussi faux qu’à son habitude, comme une douce manipulation commerciale.

Il en venait ainsi à une conclusion qui avait déjà traversé son esprit à plusieurs reprises et qui revenait sans cesse. Il lui fallait ce retour à la normale. Une normalité qui devait se construire de nouveau peu à peu. Drôle de constat — cela aussi. Que la normalité doive être créée comme une nouvelle alors qu’elle devrait toujours être là. Qu’importe.


Lola l’appela trois quatre fois avant que son esprit parvienne à quitter ses pensées. Cela faisait longtemps qu’il n’avait pas fait une telle chute, mais aussi longtemps que tout ne lui avait pas paru si futile. Declan se redressa et retira, aussi rapidement que lui permettait ses mains et l’adrénaline, le casque que Lola s’était refusé à lui retirer. Tous les motards avaient déjà entendu l’histoire d’un flic qui arrachait la tête d’un motard avec son casque. Plus personne n’osait enlever les casques après ça !
Rapide check-up. Rien de casser. Il saignait un petit peu au poigné. Le gant avant arraché un peu de peau mais rien de grave. Il avait subis pires dégâts avec une plante carnivore en colère. Du moins pour le moment. Il verrait ce soir les différents hématomes qui apparaitront. Pour le moment, il se contenta d’un sourire à son vieux Zaccheo.

« Ne me regarde pas comme ça, Beau ! Le médecin a dit qu’un choc pouvait te faire retrouver tes jambes, alors je tente ! »

Un peu ironique, mais dis avec le sourire. C’était peut-être ça la fin. Il voulait juste que tout redevienne comme avant et que ce qui avait été brisé redevienne entier.

« Souris, j'ai encore trop à faire pour mourrir maintenant ! »

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